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Sur TikTok ou Telegram, plusieurs centaines d’Irakiens sont recrutés depuis 2024 pour se battre avec l’armée russe, en échange d’une promesse d’amasser de l’argent et de gagner un passeport du pays.
Mohammed a 24 ans lorsqu’il part pour s’engager dans les forces armées russes. Comme tous les jeunes qui partent sur le champ de bataille, il a été attiré par plusieurs promesses : une prime d’engagement pouvant atteindre jusqu’à 20 000 dollars, un salaire mensuel de 2 800 dollars, un passeport russe, une assurance et une indemnisation en cas de blessure.
C’était en mai. Depuis, les mois ont passé sans un mot, juste des rumeurs. Il a été pris en otage, blessé, puis est mort dans la frappe d’un drone ukrainien. “Il n’est jamais revenu”, raconte sa mère Zeinab Jabbar à l’AFP.
5 000 irakiens enrôlés
Dans un pays où un tiers de la population active est au chômage aujourd’hui, un certain nombre d’Irakiens ont cédé aux annonces d’influenceurs les poussant sur les réseaux à aller se battre en Ukraine aux côtés des forces russes en échange de conditions irrésistibles.
Depuis le début de la guerre déclenchée par l’invasion russe sur le territoire ukrainien, plus de 5 000 Irakiens ont été enrôlés dans ce conflit, selon une estimation rapportée par le média irakien Shafaq News.
Des méthodes similaires ont été utilisées en Syrie, en Algérie et au-delà pour attirer des recrues d’Asie centrale, d’Inde, du Bangladesh ou encore du Népal.
Il suffit de fournir la copie d’un passeport, une adresse, un numéro de téléphone pour recevoir une invitation en Russie, nécessaire pour obtenir le visa. Le coût du billet serait ensuite pris en charge.
Le 17 octobre, l’ambassadeur russe en Irak, Elbrus Kutrashev, avait déclaré, dans une interview à Shafaq News, que “des milliers d’Irakiens sont prêts à rejoindre l’armée russe”. L’Observatoire irakien des droits de l’homme (IOHR) a qualifié ces remarques de “préoccupantes” et accusé l’ambassadeur russe de mettre en œuvre une “tentative alarmante de promouvoir le recrutement d’Irakiens pour les impliquer dans une guerre étrangère”.
“Il m’a demandé de prier pour lui”
La famille de Mohammed est persuadée que c’est la propagande des réseaux sociaux qui l’a embrigadé au début de l’année 2025.
Mohammed a posté plusieurs vidéos sur TikTok où on le voit en Russie. Après son dernier post, le 12 mai, sa mère Zeinab l’a appelé, elle l’a supplié de rentrer à la maison. « Il m’a dit qu’il allait à la guerre (…) et m’a demandé de prier pour lui. » C’est la dernière fois qu’elle lui a parlé.
Zeinab Jabbar se demande : « Qu’avons-nous à voir avec la Russie et l’Ukraine ? Deux pays qui se battent, qu’est-ce que l’on a à voir avec eux ? »