De nouveaux tests en vue ? Donald Trump a déclaré, dimanche 2 novembre, avoir ordonné au Pentagone de tester les armes nucléaires du pays. « La Russie fait des essais, la Chine fait des essais, mais ils n’en parlent pas (…) Vous sentez une petite vibration. Ils font des essais et on n’en fait pas. Nous devons en faire », a argué le président américain dans une interview accordée à la chaîne CBS. En réponse, deux jours plus tard, lors d’une réunion de son Conseil de sécurité retransmise à la télévision, Vladimir Poutine a chargé les instances compétentes de « tout mettre en œuvre pour recueillir des informations supplémentaires sur cette question (…) et de présenter des propositions concertées sur le lancement éventuel de travaux préparatoires en vue d’essais nucléaires ».
Il n’est pas précisé si le président américain faisait référence à de véritables explosions nucléaires ou seulement à des essais des systèmes de livraison, comme ceux réalisés régulièrement avec les missiles intercontinentaux Minuteman III. Les responsables américains ont seulement indiqué qu’il serait question « des systèmes de lancement et de l’arsenal de dissuasion », semblant écarter l’hypothèse d’explosions réelles. Quoi qu’il en soit, selon l’agence russe TASS, le Kremlin estime que Washington se prépare bien à « effectuer des tests nucléaires ».
De « plusieurs mois »…
Dans la foulée des annonces de Donald Trump, le ministre russe de la Défense, Andreï Beloousov, a recommandé de « préparer immédiatement des tests nucléaires à grande échelle » et a indiqué que le site de l’archipel de Nouvelle-Zemble, dans l’océan Arctique, pourrait accueillir ces essais à court terme. A la fin octobre, le site avait été utilisé pour tester le missile de croisière Bourevestnik (« L’oiseau de tempête »).
Aucun détail supplémentaire n’a été fourni concernant les détails des opérations, mais plusieurs experts ont été sollicités par The War Zone pour calculer approximativement la durée d’un test nucléaire. Hans Kristensen, directeur du Nuclear Information Project, explique que la réalisation d’un test « entièrement instrumenté », si aucun dispositif n’est déjà en place, nécessiterait la préparation d’un tunnel, de la charge nucléaire et du matériel de mesure. Un processus qui pourrait prendre « plusieurs mois, possiblement plus de six ».
… à « quelques semaines »
Jon Wolfsthal, directeur du Global Risk à l’American Federation of Scientists, spécifie que les tests en Arctique sont limités à certaines périodes de l’année. Pour un test basique, « cela pourrait prendre moins de 12 mois », tandis qu’un test complet, pour recueillir le maximum de données techniques, pourrait nécessiter plus de temps, affirme-t-il.
De son côté, Daryl Kimball, directeur exécutif de l’Arms Control Association, pense que la Russie pourrait tout de même reprendre les essais nucléaires souterrains « plus rapidement que les États-Unis », car elle n’est pas limitée par les mêmes contraintes environnementales et politiques que l’Administration nationale de la sécurité nucléaire américaine. Il souligne cependant auprès de TWZ que « la Russie et les États-Unis déploient déjà environ 1 700 ogives stratégiques et d’autres armes nucléaires sub-stratégiques », et que de nouveaux tests seraient « purement symboliques et extrêmement irresponsables ».
Enfin, Ankit Panda, expert en politique nucléaire, rappelle que la Russie maintient un haut niveau de préparation sur le site de Novaya Zemlya. Pour lui, un test rapide, même sans instrumentation complète, pourrait se faire « en quelques semaines » si les autorités le décident.