Au milieu des Mercer, Brex et Ferté, il est arrivé à Toulon sur la pointe des pieds. Avec l’expérience d’un habitué du haut niveau et la discrétion qu’on lui connaît. Aussi, à 29 ans, Clovis Le Bail savait ce qui l’attendait.
Comptabilisant plus de 100 matchs de Top 14 et quasiment dix années de professionnalisme, à Pau (2015-2023) puis au Racing 92 (2023-2025), le natif de Saint-Herblain se doutait bien qu’à Toulon, avec Baptiste Serin et Ben White au même poste, faire son trou ne serait pas chose facile.
Ses premiers mois au pied du Faron n’ont pas fait mentir les prévisions. Sorti blessé après 18 minutes de jeu lors de sa première rencontre (amicale) sous le maillot rouge et noir à Perpignan, puis devenu papa au début de l’automne, ce passionné de pêche et de chasse n’a, pour l’instant, pas eu beaucoup de cartouches à utiliser avec le RCT.
« Il savait qu’il n’aurait pas beaucoup de temps de jeu »
Le directeur du rugby Pierre Mignoni s’en explique : « J’avais prévenu Clovis. C’est quelqu’un qui a été blessé au niveau des adducteurs quand il était au Racing (1). En début de saison, il savait qu’il n’aurait pas beaucoup de temps de jeu, mais beaucoup de temps pour se préparer. C’est exactement ce qu’il s’est passé. »
Aujourd’hui « un peu plus dans la rotation », dixit le coach, le demi de mêlée a donc disputé sa première partie officielle au Stadium de Toulouse, le 26 octobre dernier, sur une terre où lui et les siens n’étaient pas vraiment invités (59-24). Quand bien même, c’était « une fierté » pour Clovis Le Bail : « Le résultat n’était pas là, mais c’était un gros match. Individuellement, c’est sûr que j’étais content de pouvoir le débuter. »
Désormais, le chasseur biberonné au Stade nantais espère donc avoir l’opportunité d’enchaîner, même si, sur la rade, la tâche n’est pas aisée. Cette année, le club au muguet compte en effet quatre potentiels demis de mêlée (et non des moindres) : Baptiste Serin le maître à jouer, Ben White l’international écossais, Mathis Ferté le couteau suisse plein d’avenir, et donc Clovis Le Bail, qui semble presque promis à une place de troisième choix dans la hiérarchie.
Dans ce contexte, « il faut être prêt à chaque fois qu’on fait appel à nous, pour donner de la confiance au collectif et à Pierre (Mignoni), assure l’ancien Palois. Moi, j’aime ça. La concurrence, c’est important. Et je préfère avoir cette concurrence plutôt qu’être dans le confort. Après, c’est à nous, numéros 9, de nous tirer vers le haut. Je pense qu’on le fait bien. C’est une bonne chose pour chacun individuellement, mais aussi pour le collectif. »
« Il peut nous apporter sur une fin de match serrée »
Présent dans le groupe en vue du match contre La Rochelle ce samedi (16 h 30), Clovis Le Bail se refuse donc à attendre les absences de ses concurrents. Il veut voir « chaque jour [comme] une opportunité » : « Ce n’est pas parce que c’est les doublons (et que Ben White n’est pas là) qu’il faut être prêt. Je suis prêt à chaque fois. »
« Clovis a beaucoup d’expérience dans le Top 14, enchérit Mignoni. Il peut nous apporter sur une fin de match serrée, où il faut savoir gérer. […] Il fallait vraiment lui laisser le temps et l’oxygène pour arriver et pouvoir postuler en étant mieux. C’est le cas aujourd’hui. »
À lui de faire mouche avec les quelques munitions qu’on lui offrira.
1. Il avait été opéré des adducteurs au mois de février.