Depuis le 20 octobre, le Service de citoyenneté et d’immigration des États-Unis (USCIS) exige des candidats à la naturalisation qu’ils passent un nouveau test. “L’examen révisé est conçu pour évaluer plus en profondeur les connaissances des candidats sur l’histoire et le gouvernement des États-Unis”, indique Newsweek. Ceux-ci devront répondre correctement à 12 questions sur 20, au lieu de 6 sur 10 auparavant. Le test est conçu à partir d’une liste de 128 questions au lieu de 100.
Contribuer à la “grandeur” de l’Amérique
Dans un communiqué repris par l’hebdomadaire, un porte-parole du USCIS, Matthew Tragesser, déclare que la citoyenneté américaine doit être réservée à “ceux qui adhèrent pleinement à nos valeurs et principes en tant que nation”. En garantissant que les étrangers remplissent toutes les conditions d’éligibilité, dont la capacité à lire, écrire et parler anglais, “le peuple américain peut être assuré que ceux qui nous rejoignent en tant que concitoyens sont pleinement assimilés et contribueront à la grandeur de l’Amérique”, explique-t-il.
Le Washington Post a conçu un test interactif de 10 questions formulées à partir de la liste officielle de l’USCIS. Il montre leur caractère épineux et indique que “l’accent est mis davantage sur l’histoire des États-Unis”. Le questionnaire demande ainsi pourquoi le pays s’est impliqué dans la guerre du Golfe, ce qu’est le Memorial Day, qu’est-ce qui a rendu célèbre oJames Madison et pourquoi les Papiers fédéralistes sont importants.
Un test “toujours aussi inutile”
Le test remplit-il son objectif ? “C’est certainement plus difficile, surtout pour les personnes dont l’anglais n’est pas la langue maternelle”, soutient Jonathan Wong, instructeur de la société de tutorat USCitizenshipTest. Le test est “toujours aussi inutile”, tranche un professeur d’histoire sur le site de Bloomberg. “L’intention [du test] est indubitable : le président veut rendre plus difficile pour les immigrants de franchir la dernière étape du processus de naturalisation”, analyse de son côté Stephen Mihm, qui soutient que ce test demeure une mauvaise mesure pour juger de l’“américanité” d’un candidat et qu’il faudrait mieux recourir à “un programme d’éducation beaucoup plus soutenu pour les citoyens potentiels — et actuels”.
La directrice associée du programme d’immigration américain du Migration Policy Institute, Julia Gelatt, affirme à Newsweek que l’examen n’a pas été conçu ni testé en fonction de ses objectifs. “Sans évaluation, il n’est pas clair que le précédent test ne parvenait pas à mesurer correctement les connaissances civiques des candidats ni que le nouveau fera mieux l’affaire.”
Le directeur de l’USCIS, Joseph Edlow, a laissé entendre à Axios qu’il envisageait dorénavant de demander aux candidats d’écrire un essai à partir de questions qui “montrent un réel attachement à la Constitution”. Eric Welsh, du Reeves Immigration Law Group, voit là une tendance extrêmement dangereuse. “IIs ouvrent la porte à des prises de décision biaisées fondées sur des critères arbitraires, comme la race.”