Homme de l’ombre… et rouage essentiel d’un vestiaire. Débarqué l’an dernier sur la rade, Daniel Brennan a rapidement gagné le cœur des supporters, comme de ses coéquipiers. Attachant, toujours souriant et de bonne humeur, le « Zer » de son surnom est ce joueur hybride, capable de créer du lien. Un rôle qui lui sied à merveille et, surtout, qui lui plaît.

Attablé au Campus RCT, le pilier gauche de 27 ans, né à Dublin, raconte : « Je suis Irlandais et, dans notre culture, on ne laisse jamais quelqu’un de côté. Tout le monde est le bienvenu. À Noël, si un mec de l’équipe, par exemple, n’a pas d’endroit où passer son repas de famille, il peut venir le faire chez moi. Dans notre groupe, je veux que tout le monde arrive au club le matin avec le sourire. Que personne ne se sente gêné et que les mecs se sentent aimés. »

« Se découvrir en dehors du rugby »

Preuve de son intégration express dans le vestiaire toulonnais ? L’homme aux 22 matches la saison dernière (dont un seul comme titulaire) a été nommé, par Pierre Mignoni, dans le groupe des « leaders de vie », avec ses compères Jérémy Sinzelle, Mathieu Smaïli, Dany Priso Mouangué et Swan Rebbadj. Daniel Brennan détaille : « Pierre m’a passé un coup de fil cet été pour me proposer ce rôle. À Brive, je le faisais déjà. J’aimais ça. Je suis quelqu’un de jovial. Passer du temps avec les mecs, mieux se connaître en jouant à la pétanque, en mangeant un bout ensemble, ça me plaît. On fait des choses simples mais l’idée, c’est de se découvrir en dehors du rugby. Je parle couramment anglais alors forcément, pour faire le lien, c’est plus facile. Il faut que toutes les cultures se mélangent. On a tellement à y gagner. Et, honnêtement, mieux on sera dans la vie de groupe, meilleur on sera sur le terrain. »

Porté sur l’humain, le « Zer » a, de ses propres mots, « beaucoup découvert et appris » sur sa première année à Toulon. « J’ai toujours aimé ça. C’est quelque chose qui me nourrit, reprend-il. Descendre au café, parler avec le boulanger, savoir comment se passe sa journée, etc. Ici, j’ai par exemple découvert le kite, le wing (il se marre), je ne savais même pas que ça existait ! Aux Pins Penchés à Carqueiranne, je me régale à regarder les anciens jouer à la pétanque. Comme j’ai adoré aller au fin fond de Solliès avec Mathieu Smaïli ou alors à Porquerolles avec Esteban Abadie. Et encore, on a une région tellement riche, que je pense n’avoir même pas vu la moitié ! »

Côté terrain, ce samedi après-midi, Daniel Brennan débutera pour la deuxième fois de la saison dans la peau d’un titulaire. Convaincant lors de sa première année, le pilier gauche doit désormais confirmer : « Je ne me suis jamais senti aussi bien physiquement. J’ai battu tous mes tests. Pourtant, je ne suis pas encore vraiment satisfait de mes matches. Je n’ai pas encore montré tout le boulot que j’ai pu faire à l’intersaison. Mais le travail finit toujours par payer, j’en suis sûr. À moi de saisir ma chance. »

En fin de contrat

En concurrence avec les deux internationaux Jean-Baptiste Gros, Dany Priso Mouangué et le jeune Léo Ametlla, Daniel Brennan sait qu’il aura fort à faire s’il veut s’imposer. Mais, là encore, il a sa philosophie : « Au poste de pilier, c’est un peu différent. On va dire qu’on se partage le temps de jeu et qu’on doit vraiment se compléter. Chacun a un rôle. Le mien, souvent, a été de devoir être un impact player. S’il faut passer 30 minutes à défendre notre ligne pour qu’on gagne, je suis prêt à le faire. Dès que je joue, je dois être le plus propre possible en conquête et essayer d’apporter mon maximum dans le jeu courant. Le reste, ce sont les choix du coach. »

Sous contrat jusqu’à la fin de la saison avec le RCT, Daniel Brennan espère s’inscrire dans la durée à Toulon. Lorsque nous l’avions rencontré en septembre 2024, le pilier voulait « (s)e prouver qu’il mérite de jouer à Toulon ». Un an plus tard, il n’est pas loin d’avoir fait totalement pencher la balance en sa faveur. Et au vu du travail fourni par le principal intéressé, ce serait mérité.

Arrivé à Toulon avec l’étiquette d’un joueur de Pro D2, porté dès son plus jeune âge comme un espoir au poste de pilier droit avant de basculer à gauche, Daniel Brennan a dû, sur la rade, faire son trou. Il raconte son expérience : « Je sortais d’une saison en Pro D2, avec Brive, durant laquelle je m’étais pété le bras. Honnêtement, Toulon, c’est arrivé un peu sur un coup de chance. J’ai eu l’opportunité au bon moment. Mais, en un an, je pense que j’ai énormément évolué. Que ce soit physiquement ou mentalement. Je me suis beaucoup entraîné, au Campus comme personnellement, notamment sur mon alimentation, mon éthique de travail, etc. C’est l’exigence d’un grand club. »

Un discours confirmé par son entraîneur, Pierre Mignoni : « Daniel a beaucoup progressé la saison dernière. Il est arrivé de Pro D2. Il est en train de passer un cap. Il faut qu’il continue, avec confiance. Daniel, c’est un affectif. Quelqu’un qui est vraiment dans l’empathie avec les autres et qui veut tout donner pour l’équipe. C’est un très, très grand coéquipier. Il faut qu’il se concentre sur son rôle. »

Et d’évoquer la concurrence, notamment avec le jeune Léo Ametlla : « Il aura du temps de jeu. Comme le petit Léo. Tout le monde se pousse, c’est la concurrence. Mais c’est positif entre eux. Ils sont très respectueux les uns des autres et à la fois très exigeants. Ça s’appelle la concurrence saine. Ce week-end, ils ne sont pas concurrents. Ils sont ensemble. » Et, là encore, sans consultation, le « Zer » est pleinement aligné avec son coach : « J’ai été à la place de Léo très tôt, à 18 ans à Toulouse, ou après à Montpellier. J’ai 27 ans, Léo en a 21. C’est un minot du club. Quand “Jibé”, Dany ou moi, on ne sera plus là, lui le sera. Et c’est très bien. C’est la force de la formation et on doit tout faire pour l’accompagner. »