On se souvient bien de l’époque où Netflix voulait faire de The Witcher son Game of Thrones, avec un Superman fan des romans d’Andrzej Sapkowski dans le rôle principal. On se marrait bien à l’époque. On rigole beaucoup moins aujourd’hui. Netflix aussi. Au point où un film spin-off à la série, Les Rats : une histoire « The Witcher » est sorti dans l’indifférence générale. Notre camarade ayant encore mal digéré son visionnage de la saison 4, elle a préféré refiler le bonbon à votre serviteur. Pas certain qu’elle reçoive des remerciements.
Avant même de parler du film en lui-même, on peut s’attarder un peu sur le projet. Un projet qui sentait bon la panique au sein des exécutifs de la plateforme de streaming. En 2022, une rumeur se déclenche au sujet d’une nouvelle série spin-off, alors que la saison 3 n’est pas encore sur nos écrans. Il faut dire que spin-off préquel, L’Héritage du sang, avait été un succès critique et commercial (spoiler : il a été ni l’un ni l’autre). Le tournage aurait démarré en 2023 avec pour objectif de signer un show en quelques épisodes. Sauf qu’il semblerait qu’en coulisses, la production a été un désastre et personne n’en était satisfait. Ambiance.
© Netflix
Comme si ça ne suffisait pas, les audiences de The Witcher se sont effondrées saison après saison au bout où cette quatrième fournée, qui a changé de visage, réalise les pires scores de la franchise sur Netflix. On sait que la cinquième saison sera la dernière et on sent surtout que le service SVoD a hâte de passer à autre chose, notamment sur Narnia. Ce qui explique peut-être pourquoi feu la mini-série a soudainement été mise en ligne à la suite de la saison 4, mais remontée en un film de 82 minutes, générique compris. Sans grande annonce, sans promotion, sans bande annonce, sans mise en avant autre qu’une suggestion de visionnage pour les fans de The Witcher. Ça sent bon, comme on dit.
L’histoire du film
Attention, les premières images du long-métrage spoileront si vous n’avez pas fini la saison 4 de The Witcher. Les Rats est une origin story dont les événements prennent place entre la saison 3 et 4, racontés par Léo Bonhart à Ciri. Six mois auparavant, la petite bande a vent des coffres bien remplis de l’arène de combats de Dom Houvenaghel. Sauf que l’arène est dirigée par un homme lié au passé de Mistle (Christelle Elwin).
© Netflix
Pour réussir leur braquage et vaincre le monstre qui garde le trésor, Les Rats font appel à un Sorceleur alcoolique qui a décroché, Brehen (Dolph Lundgren). Ce qu’ils n’avaient pas prévu, c’est que ce serait leur première rencontre avec Léo Bonhart.
Quand Les Rats quittent le navire
Faut-il taper gratuitement sur Les Rats : une histoire « The Witcher » ? Non, cela reste même plus regardable que la série L’Héritage du sang. Déjà, parce qu’on peut remercier le charcutage du projet d’origine pour arriver à un film de seulement 82 minutes. Car cela rend l’expérience forcément plus digeste et statistiquement, les échecs (ou les réussites si on est optimistes) seront moins nombreux.
Ensuite, parce qu’on aime Dolph Lundgren. La star des années 80 n’a pas eu une carrière incroyable, mais il est toujours là et il donne de sa personne. Brehen est d’ailleurs le véritable atout de cette histoire inédite à la saga, avec un vrai arc rédempteur, émotionnel, loin du monolithique et efficace Géralt.
© Netflix
À côté de ça, le film va tenter d’offrir de l’épaisseur à la petite bande de brigands que l’on retrouve dans la série. Les amateurs des romans pourront toujours rétorquer que leur passé trouble était l’une de leurs forces dans les écrits du Polonais, mais il faut désormais tout sur-expliquer, donc nous voilà. Faute de temps, on a surtout droit à des rushs de dynamiques ne faisant qu’extrapoler ce que l’on avait déjà vu dans The Witcher.
Est-ce que l’on s’attache davantage aux personnages tout en connaissant leur destin ? Pas vraiment. La faiblesse de jeu des acteurs n’aidant pas. Aucun élément ne va venir réellement changer notre opinion sur eux et les meilleurs passages resteront les apparitions de Sharlto Copley en Bonhart. Lundgren ou lui, l’intérêt de Les Rats n’est jamais les rats. Un comble.
Tout sonne faux, complètement fauché, et entièrement dispensable. Pas étonnant que Netflix ne le mette pas particulièrement en avant puisqu’il n’apporte rien au lore et qu’en tant que film indépendant, il n’a pas non plus d’intérêt. Un film de braquage dans un univers de fantasy, on pourrait croire à une mauvaise copie bas de gamme de Donjons & Dragons : l’honneur des voleurs.
On pourrait dire que c’est une nouvelle preuve que Netflix n’a jamais su comment gérer la licence The Witcher, mais la discrétion du machin laisse penser que le service en a conscience. Échec avoué, à demi pardonné ?
🟣 Pour ne manquer aucune news sur le Journal du Geek, abonnez-vous sur Google Actualités et sur notre WhatsApp. Et si vous nous adorez, on a une newsletter tous les matins.