Le dernier essai nucléaire effectué par Moscou date de 1990, peu avant la chute de l’URSS. Et le contexte géopolitique actuel, particulièrement incertain, laisse planer le spectre d’une nouvelle escalade. Alors que Donald Trump a ordonné au Pentagone de « commencer à tester » les armes nucléaires américaines, Vladimir Poutine a répliqué en indiquant être prêt à en faire de même.

Mercredi, le président russe a ainsi assuré que son pays « a toujours respecté scrupuleusement ses obligations au titre du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires. » Avant d’ajouter que « si les États-Unis ou d’autres états parties au Traité procédaient à de tels essais, la Russie serait contrainte de prendre des mesures de rétorsion appropriées. »

Théâtre de centaines d’essais entre 1955 et 1990

Son ministre russe de la Défense, Andreï Beloousov, s’est même montré plus explicite, considérant « qu’il est approprié de commencer immédiatement la préparation d’essais nucléaires à grande échelle. » Avec comme terrain d’essai potentiel la Nouvelle-Zemble, dans l’Arctique. Pour les fans de géographie, cet archipel, qui signifie « Nouvelle terre » en russe, est situé entre la mer de Barents à l’ouest et la mer de Kara à l’est. Composé de deux îles principales, Severny et Loujny, cet archipel montagneux long de 900 kilomètres est localisé bien au-delà du cercle polaire. Il ne compte que 2.500 habitants, qui ont fait face en 2019 à une invasion d’ours polaires particulièrement agressifs.

Si les essais nucléaires russes y sont relancés, ce ne serait pas une première pour la Nouvelle-Zemble. A partir de 1955 et pendant près de trente-cinq ans, l’archipel arctique a en effet été « le terrain de jeu » préféré des Russes, qui y ont mené près d’une centaine d’essais nucléaires. Durant cette période sombre, la Nouvelle-Zemble avait été vidée de sa population pour que les Russes effectuent des tirs de très forte puissance.

La « Tsar Bomba », la bombe la plus puissante au monde

Selon un rapport de l’Assemblée nationale datant de 2001, les 91 essais atmosphériques réalisés en Nouvelle-Zemble sur la période 1960-1996 ont représenté « une puissance totale de 239,6 Mégatonnes, soit 97 % de la puissance des essais atmosphériques soviétiques et près de 55 % de la puissance dégagée par la totalité des essais atmosphériques mondiaux (440 Mégatonnes). »

Notre dossier sur le nucléaire

Le 30 octobre 1961, les Soviétiques avaient notamment fait exploser sur l’archipel la « Tsar Bomba », la plus puissante bombe à hydrogène de l’histoire (50 Mégatonnes). Avec la fin des essais, ce territoire inhabité de l’Arctique s’est transformé en véritable poubelle nucléaire.