L’Ukraine s’est dite visée par une nouvelle attaque russe contre ses infrastructures énergétiques dans la nuit de vendredi à samedi, faisant au moins quatre morts à travers le pays. Bien partie pour s’emparer de l’important nœud logistique de Pokrovsk, dans l’est, l’armée russe intensifie aussi ses bombardements contre les installations gazières et électriques de tout le pays, faisant craindre un hiver difficile pour les civils alors que les températures baissent.
458 drones et 45 missiles russes
« Les travaux de restauration se poursuivent après l’attaque nocturne. Il s’agissait d’une attaque massive, avec de nombreux missiles balistiques », a souligné sur Telegram le président Volodymyr Zelensky. Il a estimé que la « pression exercée sur la Russie (était) insuffisante », regrettant les « réponses timides à l’audace » du Kremlin.Le chef de la diplomatie ukrainienne a de son côté rapporté que ces frappes avaient « détruit des infrastructures essentielles et endommagé les réseaux ferroviaires », privant « les gens d’électricité, d’eau et de chauffage.
« Les frappes russes ont une nouvelle fois ciblé le quotidien de la population. Elles privent les gens d’électricité, d’eau et de chauffage, ont détruit des infrastructures essentielles et endommagé les réseaux ferroviaires », a déclaré de son côté le ministre des Affaires étrangères Andrïï Sybiga. La Russie a lancé 458 drones et 45 missiles sur l’Ukraine, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui a dit avoir abattu 406 drones et neuf missiles.
Des alertes aériennes ont été déclenchées dans une grande partie du territoire ukrainien au cours de la nuit, les autorités de plusieurs régions de Kharkiv (nord-est) à Odessa (sud) faisant état de frappes menées à l’aide de drones et de missiles ainsi que d’installations énergétiques touchées.
Trois morts dans un immeuble éventré
A Dnipro, grande ville du centre-est de l’Ukraine, un immeuble résidentiel a été touché par un drone, tuant trois personnes et faisant plusieurs blessés, selon son maire, Boris Filatov. Une personne a aussi été tuée à Kharkiv (nord-est), selon Volodymyr Zelensky. A Kiev, les autorités civiles et militaires ont indiqué que la chute de débris avait provoqué des incendies à deux endroits du quartier central de Petchersky.
Les attaques ont entraîné des coupures d’électricité d’urgence et quelques interruptions de l’approvisionnement en eau à Kharkiv, dans le nord du pays, où le maire annonce une « pénurie notable d’électricité ». Il n’y avait ni électricité, ni eau, ni chauffage partiel à Kremenchuk, dans la région de Poltava, selon l’administration.
La Russie bombarde quasi quotidiennement les villes ukrainiennes dans le cadre de son offensive débutée en février 2022. Ses frappes ont déjà causé d’importants dégâts dans les centrales électriques et les infrastructures gazières. Selon un rapport fin octobre de l’Institut de la Kyiv School of Economics (KSE), plus d’un quart de la demande en électricité ne pourra être satisfaite cet hiver et la moitié de la production de gaz naturel du pays est hors service.
Frappes longue portée
Les Ukrainiens ripostent par des frappes de longue portée, le plus souvent avec des drones. Ces derniers mois, ils ciblent surtout les infrastructures énergétiques russes avec l’objectif de perturber les exportations de pétrole et de réduire le financement de l’effort de guerre de la Russie.
Dans la nuit de vendredi à samedi, Andreï Botcharov, le gouverneur de la région russe de Volgograd (sud), à plusieurs centaines de kilomètres du front, a fait état sur Telegram d’une attaque de drones sur les infrastructures énergétiques, provoquant là aussi des coupures de courant.
Alors que les efforts diplomatiques engagés par Donald Trump pour mettre fin au conflit le plus sanglant en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale sont au point mort, la Russie progresse sur le front. L’essentiel des combats se concentre dans la région de Donetsk (est) où est située la ville de Pokrovsk, un important nœud logistique pour les forces ukrainiennes qui pourrait tomber dans les jours prochains.
La prise de cette cité constituerait la plus importante victoire russe en Ukraine depuis la conquête des places fortes de Vougledar en octobre 2024 et d’Avdiïvka en février 2024. L’armée russe contrôle totalement ou partiellement près de 20 % du territoire ukrainien, selon l’analyse par l’AFP des données fournies par l’Institut américain pour l’étude de la guerre (ISW), qui travaille avec le Critical Threats Project (CTP). Quelque 7 % – la Crimée et des zones du Donbass – étaient déjà contrôlés avant le début de l’invasion russe de février 2022.