Par

Thomas Bernard

Publié le

8 nov. 2025 à 17h32

Au mois de novembre, des hommes taillent leur plus belle moustache à l’occasion de l’opération Novembre bleu (Movember), dédiée à la sensibilisation et de la lutte contre les pathologies masculines.

Des opérations d’information concernant les cancers masculins (testicule, prostate et pénis) sont organisées partout en France. Récemment ouvert, le centre d’urologie de l’hôpital privé du Confluent, à Nantes, propose des dépistages gratuits tout au long du mois de novembre.

Gaétan Berquet, Frédéric Maillet, Brice Müller, Arthur Fosse et Sébastien Larue, sont les cinq urologues du nouveau centre médical dont le but est de « fluidifier le parcours de soins pour le patient mais aussi entre les professionnels de santé ».

La rédaction d’actu Nantes a rencontré Gaétan Berquet, Brice Müller et Arthur Fosse pour évoquer la détection des cancers masculins et l’enjeu du dépistage.

« Le cancer du testicule se soigne très bien »

Chaque année, on recense 2300 nouveaux cas de cancer du testicule en France, l’un des plus fréquents chez les jeunes (18-35 ans). Selon les professionnels de santé, le cancer du testicule « se soigne très bien ». L’autopalpation est primordiale pour la détection du cancer.

« C’est palper une boule dure sur son testicule, tout simplement. À partir du moment où on palpe quelque chose de différent sur son testicule, il faut en parler à son médecin traitant en premier lieu et qui orientera en fonction vers l’urologue puis vers les examens. »

Docteur Gaétan Berquet, urologue à l’hôpital du Confluent à Nantes.

Suite à un diagnostic de cancer du testicule, le traitement est mis en place rapidement. Généralement, l’ablation du testicule est réalisée dans les 15 jours suivant la consultation.

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« Il y a une attention particulière portée à la préservation de la fertilité. Un, parce que c’est important. Deux aussi, parce que maintenant, c’est légal. Ils ont tous la proposition de congeler du sperme avant toute prise en charge », complète le docteur Berquet.

Au quotidien, les urologues constatent une différence de sensibilisation chez les jeunes entre cancer du testicule et torsion testiculaire. Les jeunes patients sont davantage enclins à venir consulter pour une suspicion de torsion testiculaire.

« Les jeunes connaissent la torsion du testicule. On a pas mal de jeunes qui viennent parce qu’ils ont des douleurs et qui se posent la question. Alors que quand on voit arriver des jeunes avec un cancer du testicule ils nous avouent que ça fait plusieurs mois qu’ils voient que ça grossit. Donc il y a effectivement beaucoup de progrès à faire », reconnaît Brice Müller.

Le cancer de la prostate : « un cancer lent »

Autre cancer fréquent chez les hommes : le cancer de la prostate. Chaque année, on constate l’apparition de 60 000 nouveaux cas en France. Le cancer de la prostate est la première incidence de cancer en France (60 cas pour 100) mais troisième cancer en termes de mortalité.

« C’est un cancer qui évolue lentement, ce qui signifie qu’on ne dépiste que les patients de 50 à 75 ans », note le docteur Berquet. Il existe deux examens pour détecter un possible cancer de la prostate : le toucher rectal et le dosage du PSA (antigène prostatique spécifique).

Le dosage du PSA, réalisé par prise de sang, permet de dépister l’antigène qu’on retrouve sur la prostate. Comme le rappellent les spécialistes, le PSA n’est pas un test parfait mais il permet de « donner une indication ».

« Tous les médecins traitants ne sont pas forcément très favorables à ce dépistage (PSA, NDLR) qui a été vachement décrié. Il a été décrié parce que nos aînés ont opéré beaucoup, beaucoup plus de patients que nous en termes de fréquences opératoires par rapport au nombre de cancers diagnostiqués. »

Docteur Arthur Fosse, urologue à l’hôpital du Confluent à Nantes.

Généralement, les urologues prennent en charge les patients suite à la réalisation du PSA. Pour la prostate il y a deux pathologies : l’adénome et le cancer de la prostate. L’adénome c’est l’augmentation du volume de la glande de la prostate, mais non cancéreuse. Cela représente 60 % des hommes de plus de 60 ans. L’adénome peut entraîner des troubles urinaires.

Quant au cancer de la prostate, au stade de maladie localisée, il n’y a pas de symptômes. Le dépistage individualisé, réalisé à partir de 50 ans (45 ans si antécédents familiaux) est nécessaire.

L’importance du « diagnostic précoce »

Aujourd’hui, l’association française d’urologie n’utilise plus le terme dépistage, mais « diagnostic précoce ». « Quand on dit diagnostic dépistage individualisé, les gens retiennent dépistage et pensent dépistage de masse. Dès lors, il y a plein de patients qui nous disent que la Sécu (sic) n’a pas envoyé de papier pour le dépistage. On leur explique que c’est normal », ajoute le docteur Müller.

En France, seuls deux dépistages de masse contre le cancer sont organisés : le colorectal et celui du sein. Pour le cancer de la prostate, l’association française d’urologie préconise le diagnostic individualisé caractérisé par des facteurs de risque, des antécédents familiaux et des autres problèmes de santé.

Une position s’appuyant sur une étude américaine et européenne réalisée en 2012 dont le but était d’évaluer l’intérêt d’un dépistage de masse pour le cancer de la prostate.

« Ces études ont montré qu’il n’y a pas d’intérêt à un dépistage de masse, mais il y a un intérêt à titre individuel. Un homme de 50 ans en bonne santé a tout intérêt à se faire dépister. Par contre, un homme de 50 ans qui a une cirrhose avancée, qui a des comorbidités cardiovasculaires, etc., lui, il va probablement mourir d’autre chose. En fait, ça ne sert à rien de l’embêter. »

Docteur Brice Müller, urologue à l’hôpital du Confluent à Nantes

Pour faire correctement pratiquer le diagnostic précoce, Arthur Fosse veut mettre l’accent sur les antécédents familiaux. « Il faut qu’au moins que le médecin traitant ait un rôle d’aiguillage qui soit un peu plus clair, notamment sur l’histoire familiale du patient et ses facteurs de risque. Pour éviter de passer à côté des gens qui sont à risque et dont ceux-là peuvent avoir une évolution assez péjorative parce que souvent, ils ont des formes plus agressives et plus précoces. »

Une journée d’action au Confluent

Pour pousser au dépistage des pathologies masculines et à « l’adhésion des programmes pour la santé masculine », le centre d’urologie du Confluent organise une journée de sensibilisation le lundi 24 novembre. Un salon de barbier éphémère sera installé dans la clinique, de 10h à 15h. Une première opération du genre au sein de la clinique nantaise.

« On veut attirer l’attention et parler du dépistage lors de cette journée », partage le docteur Fosse.

« Le mouvement Movember commence à prendre de l’ampleur et à être bien connu en France. C’est quelque chose qui est très favorable pour justement sensibiliser les hommes », conclut Brice Müller.

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