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Publié le 08/11/2025 17:12

Mis à jour le 08/11/2025 18:09

Temps de lecture : 4min – vidéo : 3min

États-Unis : le déploiement militaire de Donald Trump vise-t-il vraiment à endiguer le trafic de drogue en Amérique latine ?

États-Unis : le déploiement militaire de Donald Trump vise-t-il vraiment à endiguer le trafic de drogue en Amérique latine ?
(franceinfo)

3min

Depuis plusieurs mois, Donald Trump s’attaque au trafic de drogues, dit-il, en mer des Caraïbes. Mais a-t-il d’autres intérêts ?

Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.

Des bateaux vénézuéliens bombardés par des missiles américains, en mer des Caraïbes. En quelques semaines, 61 personnes ont été tuées, accusées par l’armée américaine de trafiquer de la drogue vers les États-Unis. Depuis le mois d’août, le gouvernement américain envoie des avions de chasse, des marins et des porte-avions au large du Venezuela dans un seul objectif, selon le président Donald Trump : « Nous allons tout simplement tuer les gens qui amènent la drogue dans notre pays. Nous allons les tuer. Vous voyez ? Ils vont mourir. »

Mais ce déploiement militaire de grande ampleur vise-t-il vraiment à endiguer le trafic de drogue en Amérique latine ? Après chaque attaque, Donald Trump se félicite sur son réseau social. « J’ai eu le grand honneur de détruire un sous-marin de grande taille transportant de la drogue qui naviguait vers les États-Unis sur une route de transit bien connue du narcotrafic », a-t-il notamment écrit.

Pour justifier ces mises à mort, le gouvernement de Trump affirme que les États-Unis sont en conflit armé avec les cartels de la drogue, qu’il avait désignés comme organisations terroristes dès son premier jour de mandat. Pourtant, même dans son camp, certains s’interrogent. « Jusqu’à présent, ils ont prétendu que ces personnes étaient des trafiquants de drogue. Personne n’a donné leur nom et on n’a vu aucune preuve. À ce stade, ce sont des exécutions extrajudiciaires », a réagi Rand Paul, le sénateur américain du Kentucky .

S’il s’agit de lutter contre le trafic de drogue, difficile de comprendre pourquoi le Venezuela est visé en priorité. La Colombie, le Pérou et la Bolivie sont les principaux producteurs. Le Venezuela n’est qu’une plateforme transitoire. « Les États-Unis ont toujours utilisé la question de la drogue, de son combat, du narcotrafic comme un outil de géopolitique. On peut penser à ce qui s’est passé en 1989 au Panama quand ils ont destitué Manuel Noriega, par exemple, qui était un ami des États-Unis. Ensuite, il est devenu gênant, donc on a dit : ‘C’est un narcotrafiquant, il faut le faire tomber' », analyse Franck Gaudichaud, professeur des universités en histoire des Amériques latines.

Depuis son premier mandat, Donald Trump et son secrétaire d’État Marco Rubio s’opposent ouvertement au président vénézuélien. « Nicolás Maduro est un trafiquant de drogue, un terroriste. C’est un fugitif de la justice américaine », déclarait le 5 septembre dernier Marco Rubio.

En réalité, selon de nombreux experts, les États-Unis auraient tout intérêt à provoquer un changement de régime au Venezuela. « Un intérêt économique, c’est avoir accès aux ressources pétrolières de Caracas. Deuxièmement, c’est pour mettre sous contrôle des territoires, des pays qui sont aujourd’hui sous l’influence de la Chine et de la Russie », éclaire Gaspard Estrada, directeur de l’Observatoire politique (Amérique latine et Caraïbes). En réponse aux menaces américaines, le président Maduro a d’ailleurs sollicité le soutien militaire de son allié historique, la Russie de Vladimir Poutine.

Documents : 

Décret du 20 janvier 2025 signé par le président des États-Unis déclarant les cartels et d’autres organisations comme organisations terroristes étrangères :

Rapport 2025 de Stratégie de contrôle du narco trafic international par l’Agence américaine de lutte contre le narco trafic :

Experts :

– Franck Gaudichaud, Professeur des Universités en histoire et études latino-américaines contemporaines, membre du FRAMESPA

– Gaspard Estrada, Directeur exécutif de l’Observatoire politique de l’Amérique latine et des Caraïbes (OPALC) à Sciences Po

Articles : 

BBC

Factcheck

NY Times

NY Times (carte interactive)

Washington Post

La 1ere (franceinfo)

AP news

Liste non exhaustive.