Par
David Goudey
Publié le
7 nov. 2025 à 16h29
Quelques jours seulement après l’adoption par le Conseil de sécurité des Nations unies (ONU) d’une résolution soutenant le plan du Maroc comme la solution « la plus réalisable » afin de régler (enfin ?) la question du Sahara occidental, ce rendez-vous prend encore plus de sens.
Ce samedi 8 novembre 2025, des milliers de Franco-Marocains d’Île-de-France, mais aussi de Normandie, du Nord et du Loiret, ont rendez-vous à Mantes-la-Jolie (Yvelines) pour célébrer le 50e anniversaire de la Marche verte du 6 novembre 1975. « Au moins 3 000 personnes sont attendues », a annoncé à 78 actu, ce vendredi 7 novembre 2025, une membre de l’organisation.
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Défilé, concert, exposition…
Une grande parade commémorative sera d’abord organisée, à partir de 13 h, au départ de la place Sainte-Anne. « Elle rassemblera 100 motards, trois camions décorés, un bus et de nombreux marcheurs arborant fièrement les drapeaux marocains et français », annonce l’association des Franco-Marocains d’Île-de-France.
Le défilé convergera vers le parc des expositions Michel-Sevin, où la fête se prolongera. Au programme : « un grand concert réunissant […] Aïcha Maya, Abdelhak Azrou, Mustapha El Berkani, l’Orchestre Araz, Khalid Alaoui, ainsi que les troupes folkloriques Dakka Koutoubia, Aarfa et Ahidous », mais aussi des ateliers et une exposition consacrée à la Marche verte du 6 novembre 1975.
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Mantes, un « petit royaume » du Maroc
Le choix de Mantes-la-Jolie n’est pas un hasard. La commune yvelinoise et ses environs abritent l’une des communautés marocaine (ressortissants ou binationaux) les plus importantes d’Île-de-France.
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En juin 2025, après dix ans d’attente, un consulat général y a ouvert ses portes, au n° 49 de la rue du Clos-Scellier. La circonscription consulaire de Mantes-la-Jolie rayonne sur trois départements : les Yvelines, l’Eure et la Seine-Maritime. « Près de 156 000 Marocains », soulignait à l’époque le consul Mustapha El Bouazzaoui.
350 000 Marocains marchent sur le Sahara occidental
« Le grand rassemblement […] de la diaspora marocaine » à Mantes-la-Jolie intervient quarante-huit heures après la date anniversaire des 50 ans de la Marche verte, devenu jour de fête nationale.
Le 6 novembre 1975, à l’appel du roi Hassan II, conforté par un avis consultatif de la Cour internationale de justice, quelque 350 000 Marocains, soutenus par 20 000 soldats des forces royales, étaient entrés dans le Sahara occidental, alors colonie espagnole, pour en réclamer la souveraineté.
Le 14 novembre 1975, les accords de Madrid scelleront le retrait de l’Espagne et la partition du Sahara espagnol entre le Maroc (deux tiers au Nord) et la Mauritanie (un tiers au Sud).

Ce vendredi 7 novembre 2025, le parc des expositions Mochel-Sevin, à Mantes-la-Jolie (Yvelines), a commencé à se transformer en « petit royaume » du Maroc. ©David GoudeyLe Front Polisario réclame l’indépendance
Las. Depuis, une guerre (jusqu’en 1991, puis à partir de novembre 2020 – N.D.L.R.) et une lutte d’influence n’ont eu de cesse d’agiter ce territoire de 272 000 m2, où vivent environ 670 000 personnes. Le Front Polisario, mouvement politique et armé soutenu par l’Algérie, revendique la souveraineté du Sahara occidental et son indépendance.
L’organisation y a même proclamé, en février 1976, l’État de République arabe sahraouie démocratique (RASD), non reconnu par la majeure partie de la communauté internationale. Le Front Polisario a rapidement fait plier la Mauritanie et a obtenu, dès août 1979, qu’elle renonce à ses prétentions sur le territoire.
Le conflit s’exporte dans le Mantois
Depuis, le Maroc revendique sa souveraineté sur l’ensemble du Sahara occidental, qui n’a toujours pas de statut officiel. Le royaume chérifien contrôle aujourd’hui 80 % du territoire. La frontière avec la partie aux mains du Front Polisario est matérialisée par un mur de sable.
Ce conflit a largement traversé les frontières. Et le Mantois est bien placé pour en parler. En septembre 2022, la communauté marocaine avait organisé une manifestation devant la mairie Mantes-la-Ville pour protester contre la venue dans la commune, deux semaines plus tôt, de Sultana Khaya, figure du Front Polisario.
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Les Sahraouis ne sont pas invisibles à Mantes
À l’époque, Laaouissid Boujema, président de l’Association de la communauté sahraouie de France et originaire de Mantes-la-Jolie, avait critiqué la contre-manifestation. « Une poignée de personnes cherche à instrumentaliser les Marocains du Mantois, sans légitimité particulière, avait-il souligné auprès de 78 actu. Ce n’est pas à Mantes-la-Jolie qu’on réglera le problème des Sahraouis. »
Cette communauté, selon le responsable associatif, compterait environ 8 000 membres à Mantes-la-Jolie et aux alentours. Sidi El Haimer, maire par intérim de la ville-préfecture (janvier à mai 2022) aujourd’hui retiré de la vie politique, est réputé comme un pro-Polisario. Il est d’ailleurs le fils d’un ancien trésorier du mouvement indépendantiste.
Enfin la paix et un statut pour le Sahara occidental ?
Le 31 octobre 2025, le Conseil de sécurité de l’ONU a approuvé (11 voix pour, 3 abstentions) le plan présenté par Rabat en 2007, à savoir celui d’une autonomie du Sahara occidental sous souveraineté marocaine.
Une semaine plus tôt, le ministre des affaires étrangères de la RASD avait fait savoir que le Front Polisario était prêt à accepter le plan marocain s’il est validé par référendum par la population sahraouie.
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