Deuxième recrue la plus chère de l’histoire du club rhodanien, le défenseur central aura eu besoin d’une saison pour s’imposer au sein de l’effectif lyonnais. Au point d’en devenir un incontestable leader, sur et en dehors du terrain.
Le 4 juillet 2024, en pleine folie dépensière, l’Olympique Lyonnais officialisait la signature de Moussa Niakhaté en provenance de Nottingham Forest. Un club britannique avec qui les liens s’avéraient alors particulièrement étroits, notamment entre John Textor, alors président de l’OL, et son homologue Evangelos Marinakis, également président de l’Olympiakos. Ainsi, le club rhodanien, avant de recruter pour plus de 30 millions d’euros un défenseur de 28 ans, titulaire à peine un match sur deux en Premier League lors de la saison écoulée et guère référencé sur le plan international avec sa petite dizaine de sélections tout juste avec le Sénégal, avait déjà cassé sa tirelire pour lever l’option d’achat concernant Orel Mangala, 23,4 millions d’euros venant s’ajouter aux 11,7 millions déjà versés pour le prêt du joueur l’hiver précédent.
Un jackpot pour le moins inespéré pour Nottingham Forest, alors en proie à de sérieuses turbulences financières réglées pignon sur rue par l’ami Textor. Pour un retour sur investissement sur le plan sportif particulièrement décevant. Ainsi, Orel Mangala, du haut de ses 9 matches joués pour 2 buts inscrits, laissera un souvenir ému, dans le mauvais sens du terme, aux supporters lyonnais, tandis que Niakhaté, lui, peinait à s’imposer comme un taulier en défense. Même si sa seconde moitié de saison, plus consistante et avec le recul qui est le nôtre aujourd’hui, annonçait (enfin) des lendemains qui chantent pour l’OL. Car depuis le début de la saison, l’international sénégalais est transfiguré et il pourrait, avec le temps et en continuant d’évoluer au niveau qui est le sien depuis trois mois, faire de ses 30 millions d’euros un achat éclairé, plutôt qu’un cadeau doré à Nottingham.
J’arrive quelque part et je me mets tout seul en difficulté. Néanmoins, j’étais convaincu de pouvoir prouver ma valeur.
Moussa Niakhaté
Un possible happy end auquel le principal intéressé croyait dur comme fer, comme il le confiait récemment. «À aucun moment je n’ai douté. Certains diront que j’ai trop confiance en moi mais je sais de quoi je suis capable avec le ballon. Quand je suis arrivé à Lyon, j’en étais déjà à ma onzième année professionnelle. J’avais joué en Premier League, en Bundesliga (à Mayence ), en Ligue 1 (à Metz) et en sélection donc je connaissais mes qualités.» Qui n’ont pas sauté aux yeux des fans lyonnais lors de son premier match à Rennes le 18 août 2024, lors duquel Niakhaté, auteur globalement d’une prestation catastrophique avec notamment une grosse erreur ayant coûté un but, avait pris l’eau comme l’OL (3-0). «Oui, c’est vrai», se souvient-il. «Mais c’est l’histoire de ma vie ça. J’arrive quelque part et je me mets tout seul en difficulté. Néanmoins, j’étais convaincu de pouvoir prouver ma valeur. En signant à l’OL, je savais qu’il y aurait des épreuves à surmonter. Si tout était trop facile, ce ne serait pas amusant.»
Reconnaissant vis-à-vis de Paulo Fonseca
Néanmoins, s’il s’en amuse aujourd’hui, Niakhaté aura eu besoin de plusieurs mois pour réellement remonter la pente et inverser les quolibets accompagnants chacune de ses sorties. Deux éléments ont alors eu valeur de déclics pour lui. Le premier concerne l’arrivée sur le banc de Paulo Fonseca en janvier dernier. Sous les ordres du Portugais, Niakhaté estime ainsi avoir «énormément progressé» en ayant «la chance de travailler avec un tel entraîneur». Un coach qui a eu la bonne idée de l’associer à Clinton Mata, latéral de formation reconverti dans l’axe. Entre les deux hommes d’expérience, la complémentarité est parfaite, comme l’expliquait l’ancien défenseur lyonnais Cris dans les colonnes de L’Équipe : «ce sont deux profils qui marchent ensemble. Quand je suis arrivé à Lyon avec Caçapa, ça a matché tout de suite. On sent qu’ils sont à l’aise entre eux, ils se parlent, ils peaufinent les détails. Des coachs m’ont toujours dit : si mes défenseurs aiment vraiment défendre, le risque de prendre des buts n’est pas énorme. C’est ce que je vois à Lyon.»
Moussa Niakhaté
Alexandre Dimou / Icon Sport
Ceci explique l’excellent début de saison de Lyon sur le plan défensif, avec notamment sept «clean-sheets» (matches sans encaisser de but) lors des huit premières sorties des Rhodaniens. Une imperméabilité à laquelle le Sénégalais n’est évidemment pas étranger, bien au contraire. Titulaire à dix reprises en onze journées, promu au rang de vice-capitaine derrière Corentin Tolisso (et de capitaine quand celui-ci manque à l’appel), Niakhaté a pris de l’envergure de par ses performances sur le terrain, mais aussi dans le vestiaire où il s’impose comme un grand frère au sein d’un effectif rajeuni. «Je trouve cela tellement normal d’apporter mon vécu aux plus jeunes», expliquait-il sur le site Olympique-et-lyonnais.com. «Si je peux leur éviter certains pièges, je le fais avec plaisir. D’ailleurs, je leur disais qu’ils devaient apprendre de leurs erreurs afin de ne plus en commettre. De trébucher, cela fait partie de l’apprentissage. Je suis très positif mais je peux également être très méchant s’ils font des choses qui ne me plaisent pas. Je suis le premier à leur tomber dessus avant même le coach.»
Le test ultime face au PSG
Face au Paris SG ce dimanche (20h45) pour le compte de la 12e journée, le défenseur central aura l’occasion de démontrer qu’il a bien passé un cap entre sa première et sa deuxième année dans la cité des Gones. Et de réaliser ainsi sa promesse. «Dans tous les clubs que j’ai fréquentés, je suis reparti en patron. À Lyon, ça sera la même chose. Je vis actuellement une bonne phase mais je ne m’enflamme pas. La saison est longue, il y aura des rencontres que je vais rater, on va sûrement perdre des points à cause de moi, j’en suis conscient. C’est le jeu, c’est le foot. Ça va, ça vient.»