L’Ukraine a été visée, dans la nuit de vendredi à samedi, par une nouvelle série de frappes de drones et de missiles russes, qui ont fait au moins quatre morts, endommagé les infrastructures énergétiques du pays et provoqué des coupures de courant, y compris à Kiev, la capitale. Dans la nuit, l’armée russe a tiré un total de 458 drones et 45 missiles, selon l’armée de l’air ukrainienne, qui assure avoir abattu respectivement 409 drones et neuf missiles.
À Dnipro, une grande ville du centre-est du pays, un immeuble résidentiel a été touché par un drone, qui, selon le maire, a fait trois morts et plusieurs blessés. Une personne a aussi été tuée à Kharkiv, dans le nord-est, selon Volodymyr Zelensky.
Des « infrastructures essentielles » détruites
« Les travaux de restauration se poursuivent après l’attaque nocturne. Il s’agissait d’une attaque massive, avec de nombreux missiles balistiques », a souligné sur Telegram le président ukrainien. Il a estimé que la « pression exercée sur la Russie est insuffisante », regrettant les « réponses timides à l’audace » du Kremlin.
Le chef de la diplomatie ukrainienne a, de son côté, rapporté que ces frappes ont « détruit des infrastructures essentielles et endommagé les réseaux ferroviaires », privant « les gens d’électricité, d’eau et de chauffage ».
Plusieurs régions ont annoncé des coupures d’électricité d’urgence et des interruptions de l’approvisionnement en eau. Ces coupures touchent aussi Kiev et sa région, selon l’opérateur DTEK. La compagnie gazière Naftogaz a également fait état de dégâts sur ses installations fournissant du chauffage aux habitants.
D’importants retards sont à déplorer sur les réseaux ferrés, a prévenu le ministre de la Restauration Oleksiï Kouleba, accusant la Russie d’avoir intensifié ses attaques contre les dépôts de locomotives.
Comme lors de chaque vague de frappes, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir visé « des entreprises du complexe militaro-industriel ukrainien et des installations gazières et énergétiques qui soutiennent leurs opérations ».
Un hiver qui s’annonce encore difficile
Les frappes russes, qui rappellent les campagnes des années précédentes qui avaient par moments plongé des millions de personnes dans le noir en Ukraine, font craindre un hiver rude pour les civils. Le directeur du Centre ukrainien de recherche sur l’énergie Oleksandre Khartchenko avait averti, mercredi, que le pays court un « risque significatif » de coupures de chauffage, cet hiver.
Selon un rapport, publié fin octobre, par l’École d’économie de Kiev, « 27 % de la demande en électricité ne pourra être satisfaite » cet hiver, en raison des dommages causés aux installations énergétiques.
L’Ukraine vise de son côté quasiment chaque semaine des dépôts et raffineries de pétrole en Russie, avec l’objectif de perturber les exportations de pétrole et de réduire le financement de l’effort de guerre de la Russie. Elle a aussi déjà ciblé des centrales électriques et des conduites d’hydrocarbures, y compris certaines approvisionnant l’Europe.
Les combats se poursuivent autour de la ville Pokrovsk, dans la région de Donetsk, dans l’est du pays, qui pourrait tomber prochainement. L’État-major ukrainien a démenti tout encerclement la ville, qui constitue un important nœud logistique pour l’armée ukrainienne. Mais la situation y reste critique, selon de nombreux témoignages.