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Rédaction Lyon

Publié le

8 nov. 2025 à 6h10

Le tribunal correctionnel de Lyon a condamné ce mardi 4 novembre l’infirmière qui avait fait un « demi-tour » sur une route départementale, à Solaize (Rhône) et qui avait percuté de plein fouet une moto, dont le conducteur était décédé, et un scooter.
Le 7 octobre 2024 vers 8h30, Sandy X. conduisait sur la route de Chasse-sur-Rhône qui longe l’A7 lorsqu’elle s’était rendu compte qu’elle avait « pris la mauvaise sortie » sur cette route qu’elle « ne connaissait pas ». Elle avait alors décidé de faire demi-tour sur cette longue voie rectiligne à double-sens. Mais au cours de sa manœuvre, et alors qu’elle se trouvait « perpendiculaire à la route », elle avait percuté une moto et un scooter qui arrivaient derrière elle.

« Etonnée » de se retrouver au tribunal

Carlos Pedro X., au volant de sa moto, était décédé sur place malgré l’intervention des secours. Thomas X., qui conduisait son scooter « pour aller au travail », avait quant à lui été grièvement blessé. Transporté à l’hôpital, il avait passé « près de deux heures » sur la table d’opération en raison de multiples fractures.

Sandy X., aujourd’hui âgée de 36 ans, était donc jugée ce mardi 4 novembre 2025 par le tribunal correctionnel de Lyon pour homicide involontaire et blessures involontaires. À la barre, elle présente ses « condoléances » et exprime son « empathie » à la famille, mais confie être « étonnée de (se) retrouver devant [les magistrats, ndlr] aujourd’hui ».

« Je n’ai pas fait la manœuvre brusquement »

« Je n’ai pas fait la manœuvre brusquement. Je ralentis, je mets mon clignotant, je fais mes contrôles comme on me l’a appris à l’auto-école. Je suis à la fin de la manœuvre lorsque l’on percute mon véhicule », détaille la prévenue. Selon elle, « le code de la route me permettait de faire cette manœuvre » – effectivement, aucune « ligne droite » ni « panneau » ne lui l’interdisait.

L’infirmière en chirurgie à Lyon estime donc avoir fait « un demi-tour dans les règles de l’art ».

Et quand la procureure de la République l’interroge, elle martèle : « à refaire, je ferai exactement pareil ». Elle écarte d’ailleurs toute « erreur de jugement » ou « d’appréciation dans les distances » : « au moment où je démarre la manœuvre, les véhicules sont extrêmement loin ».

« Le narratif que l’on attend, c’est que je sois responsable, mais ce narratif est faux. » « Et si vous êtes condamnée aujourd’hui, vous vous remettrez en question ? », l’interroge la représentante du Ministère public. Réponse de l’intéressée : « non ».

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Le conducteur du scooter a une autre version de l’accident

Pourtant, Thomas X. lui ne livre pas la même version des faits. « La voiture est subitement sortie de la chaussée, comme si elle avait mis un coup de volant, quelques mètres devant moi. J’ai regardé derrière moi pendant un millième de seconde parce que je savais qu’un motard arrivait. Le temps que je relève la tête, la voiture était perpendiculaire à la chaussée. »

Au cours de son audition, il avait confié qu’en un claquement de doigts, une « masse noire était devant nous ».

Ce mardi 4 novembre 2025, il est catégorique : « on n’aurait pas pu l’éviter ». Démineur de profession, il confie être aujourd’hui cantonné à des « tâches administratives qui n’existent pas dans notre métier » en raison de ses lourdes séquelles.

« Vous avez détruit toute ma famille et toute mon enfance »

À l’audience, les proches de Carlos Pedro X. aussi sont venus nombreux, un portrait de la victime à la main. C’est d’abord sa fille, aujourd’hui âgée de 12 ans, qui s’est confiée.

« Vous avez détruit toute ma famille et toute mon enfance », a-t-elle lancé à la prévenue. Sa compagne puis son ex-compagne et mère de deux de ses quatre enfants ont ensuite dressé le portrait d’un homme âgé de 49 au moment des faits, « honnête, travailleur, taquin, bon vivant », mais aussi « drôle, généraux, grand cœur et grande gueule ».

Leur avocate, elle, a regretté « l’attitude décevante » et la « mauvaise foi » de la prévenue. « Elle est absolument convaincue de son bon droit et de son innocence », a abondé la procureure de la République. « Mais vous avez enfreint au moins trois dispositions du Code pénal madame ! Vous aviez la possibilité juridique de faire ce demi-tour, mais pas à ce moment-là, et pas dans ces conditions. Évidemment que madame a commis cette faute de prudence, qu’elle a mal évalué les distances. »

Deux ans de prison avec sursis

Une position loin d’être partagée par l’avocat de Sandy X., dont le casier judiciaire est vierge. « Le ministère public reproche à madame d’avoir fait une des sept manœuvres qu’il faut maîtriser pour le permis. Il faut m’expliquer où est la faute. » « Juridiquement, c’est lunaire », s’est-il agacé, regrettant un « dossier très mince » – les véhicules n’avaient pas été « saisis » et aucune « expertise » n’a donc pu être diligentée.

Le tribunal correctionnel de Lyon a malgré tout condamné Sandy X. à deux ans de prison avec sursis.

Permis de conduire annulé

« C’est la manœuvre qui, à ce moment-là et dans ces conditions-là, ont causé le décès et les blessures. Il y a eu un manque de prudence de votre part, et donc une faute de conduite », a détaillé le président.

Le permis de conduire de cette infirmière a, lui, été annulé : elle devra désormais attendre un an pour le repasser. Elle devra, en outre, payer 3.000 € d’amende. L’indemnisation des parties civiles, elle, sera étudiée ultérieurement.

MJ et CB (PressPepper)

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