Après les frappes russes qui ont endommagé samedi 8 novembre les structures énergétiques de l’Ukraine, Anastasiia Melnyk, 26 ans, a transformé son appartement en terrain de camping, raconte le New York Times. Elle utilise “un réchaud à gaz portable pour faire bouillir de l’eau et une batterie externe pour charger de petits appareils”, explique le journal. “De tels bombardements intensifs, malheureusement, font partie de notre réalité”, observe la jeune femme.

L’Ukraine s’efforçait toujours dimanche 9 novembre de rétablir l’électricité et le chauffage après les frappes russes à grande échelle qui ont provoqué des coupures de courant massives. Dans la nuit de vendredi à samedi, la Russie a tiré un total de 458 drones et 45 missiles sur l’Ukraine, selon l’armée de l’air ukrainienne.

“Il est difficile de se souvenir d’un nombre aussi important de frappes directes sur des installations énergétiques depuis le début de l’invasion”, a affirmé la ministre de l’Énergie Svitlana Grintchouk sur la chaîne locale United News. La nuit de samedi a été, selon elle, “l’une des plus difficiles” depuis le début de l’offensive russe en février 2022.

Sept personnes sont mortes dans les attaques de samedi : trois ont été tuées à Dnipro lors d’une frappe de drone russe contre un immeuble d’habitation, trois autres dans la région de Zaporijjia, et une autre dans la région de Kharkiv, selon les autorités locales. Les frappes russes ont endommagé plusieurs grandes installations énergétiques dans les régions de Kiev, de Poltava et de Kharkiv, a indiqué la Première ministre Yulia Svyrydenko.

Ces attaques ont coupé l’approvisionnement en électricité, en chauffage et en eau dans de nombreuses villes, le groupe public d’électricité Centerenergo avertissant samedi que la capacité de production était “réduite à zéro”.

Les sous-stations alimentant les centrales nucléaires visées

Les autorités ukrainiennes ont accusé samedi Moscou d’avoir visé intentionnellement des sous-stations alimentant des centrales nucléaires lors de ces attaques nocturnes, souligne le Kyiv Independent.

“La Russie a une nouvelle fois pris pour cible les sous-stations qui alimentent les centrales nucléaires de Khmelnytskyi et Rivne (ouest). Il ne s’agissait pas d’attaques accidentelles, mais d’attaques délibérées”, a réagi sur X le ministre ukrainien des Affaires étrangères Andrii Sybiha qui a dénoncé des “risques inacceptables” pour la sécurité nucléaire en Europe. Il a appelé à la tenue d’une réunion du Conseil des gouverneurs de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

La compagnie nationale d’électricité Ukrenergo a indiqué que l’électricité serait réduite dans la plupart des régions pendant huit à 16 heures dimanche, le temps d’effectuer des réparations sur le réseau et de réacheminer le courant, rapporte Radio Free Europe. Les coupures toucheront notamment Kiev et d’autres grandes villes, a-t-elle précisé.

“Les attaques russes contre les infrastructures énergétiques de l’Ukraine à l’approche de l’hiver font désormais partie intégrante de ce conflit”, rappelle la BBC. “Mais les ministres à Kiev craignent cette fois que Moscou ne cherche pas seulement à miner le moral de la population ukrainienne, mais aussi à paralyser son économie en faisant s’effondrer son réseau énergétique”.