Quelques mois après avoir dénoncé publiquement le freinage fantôme de sa Peugeot 2008 jaune, devenue tristement célèbre, Joahnna Peyrache voit son combat trouver un écho au plus haut niveau. Le ministère des Transports a officiellement ouvert, à travers le Service de surveillance du marché des véhicules et des moteurs (SSMVM), une enquête nationale destinée à recenser et analyser les incidents de freinage intempestif survenus sur des véhicules immatriculés en France.

Une réaction gouvernementale après la question d’un député

Face à l’ampleur du phénomène, le député de l’Ain Romain Daubié avait interpellé fin juillet le gouvernement. En octobre, le ministre des Transport Philipe Tabarot a annoncé la mise en place d’un dispositif national de signalement.

« Ces systèmes de freinage automatiques sont conçus pour sauver des vies, ils ne doivent jamais les mettre en danger », a-t-il déclaré. « Ce recensement facilité nous permettra de déterminer d’un point de vue technique s’il y a des problèmes récurrents et d’apporter des solutions concrètes. »

Sur le site du ministère, un questionnaire officiel permet désormais à tout conducteur ayant subi un freinage intempestif de transmettre les détails de l’incident : modèle du véhicule, circonstances, vitesse, météo, conséquences, ou encore vérifications techniques effectuées. Ces données alimenteront les travaux du SSMVM, qui mène actuellement des tests physiques et des analyses logicielles auprès des constructeurs concernés.

Une reconnaissance pour la lanceuse d’alerte lyonnaise

Pour Johanna Peyrache, qui s’est heurtée à l’immobilisme de la Justice, au silence des assurances et du constructeur Peugeot, cette évolution représente une avancée majeure. « Pendant des mois, on ne m’a pas écoutée. On a minimisé les circonstances de l’accident qui aurait pu être dramatique. Aujourd’hui, l’État reconnaît qu’il y a un problème à examiner sérieusement », confie-t-elle. Aujourd’hui, elle souhaite prendre du recul. « Maintenant, je fais suivre les témoignages que je reçois vers le questionnaire officiel mis en place par le ministère des Transports. »

Des constructeurs désormais sous surveillance

Le SSMVM, rattaché au ministère des Transports, a lancé des investigations techniques auprès des principaux constructeurs cités dans les signalements, dont Stellantis et Volkswagen. L’objectif est d’identifier les causes précises de ces freinages non désirés, qu’il s’agisse d’un capteur mal calibré, d’une défaillance logicielle ou d’un problème d’interprétation des conditions extérieures. L’enquête se poursuivra dans les prochains mois, sur la base des signalements recueillis. Si les causes récurrentes sont identifiées, des actions correctives pourront être exigées auprès des constructeurs.

Malgré tout, La Lyonnaise garde une prudence lucide : « Le poids économique des marques est énorme, mais au moins, maintenant, on enquête. Si mon histoire a pu servir à faire bouger les choses, alors ça valait la peine. »