Le journaliste Guilhem Garrigues signe un documentaire très personnel sur le joueur du Stade Toulousain, meilleur buteur du XV de France.
Moins exposé médiatiquement que ses coéquipiers du XV de France Antoine Dupont ou Romain Ntamack, Thomas Ramos trace sa route discrètement mais sûrement. Un parcours parfaitement résumé par Ugo Mola, son entraîneur du Stade Toulousain. « Ce n’est pas l’exceptionnel qui lui a permis d’être là, c’est le normal qui l’a rendu exceptionnel », explique le coach.
Et c’est justement cette normalité qui a intéressé Guilhem Garrigues, réalisateur du film Thomas Ramos, point par point, diffusé ce soir sur Canal+. « C’est un peu Monsieur tout le monde et ça me plaisait parce que, chez les stars du sport, il y a aujourd’hui des barrières, des éléments de langage et un contrôle permanent de l’image, explique-t-il. Avec lui, on oublie très rapidement son calibre international. Il y a une approche très simple conjuguée à une exigence et à une rigueur totales ».
Le journaliste a d’abord voulu réaliser un reportage sur le meilleur buteur de l’histoire du XV de France avant de comprendre, en découvrant l’homme derrière le joueur, qu’un documentaire serait plus idoine, tant l’histoire professionnelle et personnelle du rugbyman s’avérait riche.
Un parcours sinueux
Cinq fois champion de France, meilleur marqueur des Bleus, vainqueur du dernier Tournoi des six nations… Le palmarès de Thomas Ramos est impressionnant. Pourtant, rien n’a été facile pour le natif de Mazamet. « Plus jeune, on lui a dit qu’il ne jouerait pas pour le Stade Toulousain ni en Top 14, il s’est fait sortir de l’équipe de France… Il a dû forcer le destin et a un parcours assez rare. Cette résilience l’a construit, tout comme son exigence et son esprit de compétition », précise Guilhem Garrigues. Il a d’ailleurs édifié sa carrière avec une précision d’orfèvre, en travaillant physiquement durant ses congés ou en engageant un coach mental pour réussir à canaliser ses émotions, notamment lors des transformations.
«Il a une exigence exacerbée» : Thomas Ramos, patron du XV de France au caractère bien trempé
Sur le terrain, Thomas Ramos n’est pas le plus apprécié du Top 14. Chambreur, il n’hésite pas à dire ce qu’il pense, parfois de manière assez abrupte. Ce qui n’est pas toujours du goût des autres joueurs. « Quand je jouais face à lui, ce n’était pas quelqu’un qu’on détestait, mais il faisait partie des joueurs qu’on n’aimait pas trop jouer – déjà par la qualité du joueur – et, en plus, parce qu’il parlait beaucoup. Il a cette capacité à chambrer sur le terrain », explique Alexandre Roumat, joueur du Stade Toulousain dans le film.
Thomas Ramos
CANAL
Des images rares
En retrait des réseaux sociaux, l’arrière des Bleus n’a pas le goût de cultiver son image. La force du film réside donc aussi dans la mise en lumière de son côté intime. Le réalisateur a pu suivre Thomas Ramos dans sa vie quotidienne et capter des images et des témoignages rares, notamment ceux de ses proches. Comme celui de sa grand-mère, qui consignait soigneusement tous ses matchs et ses scores dans un classeur, ou de ses parents, qui ne cachent pas leur émotion devant la brillante carrière de leur fils.
« Ce sont des sacrifices pour lui et toute la famille, donc c’est vrai qu’on ne peut qu’être fiers de son parcours », confie sa maman. Sans compter Sophie, sa compagne. Fusionnels, les deux époux s’offrent un soutien indéfectible. Elle a été une épaule solide lors des coups durs de sa carrière et lui, un appui rassurant lorsqu’elle s’est lancée dans une reconversion professionnelle.
Le rugbyman s’est même engagé dans l’association EndoFrance luttant contre l’endométriose, maladie dont souffre Sophie. Un combat qu’ils ont mené ensemble avec une victoire à la clé : la naissance de leur fille en octobre dernier. Un portrait tout en finesse, permettant de percer les secrets de l’un des génies du rugby.