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Publié le 09/11/2025 23:34
Temps de lecture : 4min – vidéo : 4min

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Après le MMA, la France autorisera-t-elle un jour une autre compétition choc venue des États-Unis ? Connaissez-vous les concours de gifles, populaires outre-Atlantique, qui vont jusqu’au KO ? Plusieurs études scientifiques reconnaissent les dangers pour le cerveau de ces coups à répétition.
Ce texte correspond à une partie de la retranscription du reportage ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour la regarder en intégralité.
Ce sont des duels à mains nues où le dernier combattant qui reste debout l’emporte. Les compétitions de « slap fighting », les combats de gifles, connaissent un succès phénoménal aux États-Unis. Des centaines de millions de vues sur les réseaux sociaux où les amateurs se délectent d’impressionnants chaos et de ces douloureux ralentis de claques à pleine puissance. Une discipline populaire mais décriée, qui suscite l’indignation de nombreux neurologues américains.
La plus suivie de ces compétitions de claques est née à Las Vegas. Elle a refusé de nous accréditer. Alors, nous prenons place dans le public, où les fans assument un discours sans ambiguïté. « Je ne suis venu que pour la violence », peut-on lire sur des t-shirts. « Honnêtement, c’est sympa de voir des gens se faire mettre KO », affirme un homme dans les tribunes. « Au foot et au hockey aussi, ils prennent des coups. Ils ont signé pour ça », justifie un autre.
Dès les premiers duels, les premiers chaos. Les règles sont simples : trois claques chacun pour assommer un adversaire qui ne peut pas se protéger. Derrière les combattants, des assistants chargés de retenir leur chute et un décompte comme à la boxe lorsqu’un adversaire est sonné. Lors du dernier duel, un des participants va longuement rester au sol, le nez en sang. Les radios révéleront plusieurs fractures au niveau du visage.
Alors, quel est le protocole médical dans ce cas de figure ? Après les combats, nous abordons Jackie Cataline. Cette ancienne lutteuse de 37 ans s’est convertie au MMA avant d’essayer cette nouvelle discipline. Sur son visage, les traces du duel qui vient de s’achever. « Il y a eu un peu de dégâts. C’est enflé et un peu à vif », décrit la combattante.
Elle sait, dit-elle, les risques qu’elle encourt à chaque combat, malgré un accompagnement médical renforcé : « Ils nous font faire beaucoup d’examens, des IRM de notre cerveau, toutes sortes de radios. La sécurité des athlètes est plus importante que le show. Je sais que mon corps ne pourra pas encaisser autant de coups sur la durée, alors je vais faire ça pendant quelque temps avant de passer à autre chose ».
Cette prise en charge est-elle suffisante ? C’est ce qu’affirme le patron de l’événement, Dana White, fondateur de l’UFC, la principale ligue de MMA dans le monde. Un ami personnel de Donald Trump qu’il convie régulièrement à ses événements, filmé en train d’échanger des gifles avec sa femme il y a quelques années avant de présenter publiquement ses excuses.
Selon lui, le slap fighting n’est pas plus dangereux que les autres sports de combat : « On dépense beaucoup d’argent pour s’assurer que les combattants sont en bonne santé. Et vous savez, ils prennent trois à cinq coups par combat. En boxe, vous en prenez entre 300 et 400. Si ça ne vous plaît pas, vous n’avez qu’à pas regarder. »
Mais comment s’assurer que les combattants n’auront pas de séquelles à long terme ? À l’université de Pittsburgh, une équipe de neurologues a passé au crible des heures et des heures de combat. « On voit bien que ces mouvements ne sont plus cohérents et il a le regard vide et vague, comme s’il était perdu. C’est habituel en cas de traumatisme crânien », analyse Nitin Argawal, neurologue à l’université de Pittsburgh.
Et ce cas de figure est tout sauf rare. « Notre étude montre que dans 80 % des combats, on observe ces symptômes. C’est un chiffre alarmant. Cela montre que le traumatisme est presque inévitable », ajoute le médecin.
Malgré les critiques des médecins et de certaines associations qui craignent de voir ces duels reproduits dans les cours de récréation, la ligue poursuit son développement avec des événements de plus en plus fréquents. Elle revendique n’avoir aucune blessure grave à déplorer en près de trois ans d’existence.