Son cœur bat plus vite depuis le 9 avril. À cette date, « plusieurs policiers sont entrés dans l’immeuble et nous ont demandé de partir. Ils ont dit que si nous étions là à leur retour, nous devrions descendre dans la rue avec eux », expose Grace, une occupante d’un squat de la rue de la République, à Marseille (2e), tandis que ni la préfecture de police ni la préfecture du Département n’ont confirmé, à ce stade, cette information. Depuis, avance-t-elle, le risque d’une expulsion court à chaque instant pour ces occupants, parmi lesquels plusieurs enfants dont un âgé de 10 mois.
« Mon mari avait 50 ans, j’en avais 10 »
À la source de son exil, des violences « physiques et psychologiques », entame Grace, la trentaine. « Nous sommes trois adultes et une famille entière à vivre ici, ces jours-ci. Moi, ce sont des violences domestiques qui m’ont conduite en Italie, puis en France. J’avais 10 ans et on m’a forcée à me marier avec un homme de 50 ans. Depuis deux ans environ, je suis à Marseille, à la recherche d’un lieu sûr », détaille-t-elle. Alors qu’une mobilisation s’est tenue au pied de l’immeuble en mauvais état où elles résident, en présence du député (LFI) Manuel Bompard, qui demandait un logement pour ces familles.
Installée à même le sol, sur de vieux tapis, Messy mange des haricots blancs dans une boîte en plastique. « Quand on supplie, les gens nous donnent de quoi manger. On a pu bricoler une petite cuisine rudimentaire mais c’est loin d’être suffisant. L’une des mères a un fils de 10 ans qui n’a pas été à l’école depuis longtemps. Lui aussi il doit manger par terre », articule-t-elle en pleurant. « Quand je suis tombée enceinte au Nigeria, on m’a chassée de l’école alors que je n’avais rien fait de mal. J’étais juste enceinte », dit-elle à moitié dans la lumière, un bras couvert de scarifications.