L’équipe de France n’est repartie de Middelkerke qu’avec deux médailles en poche, toutes les deux obtenues dans la catégorie Espoirs Femmes, grâce à l’argent de Célia Gery et le bronze d’Amandine Muller. Mais d’autres coureurs français plus attendus n’ont pas toujours eu la réussite avec eux. Soren Bruyère Joumard s’est retrouvé au sol à deux reprises avant d’être repoussé loin dans le trafic, alors qu’Aubin Sparfel avait pris la poudre d’escampette jusqu’à un tour et demi du but, avant de commettre deux fautes qui ont calmé ses ardeurs. Néanmoins, pour le sélectionneur national, François Trarieux, il n’y a pas que le bilan comptable qui compte, et la progression des coureurs, notamment dans le sable, ne doit pas être mise de côté. Comme il l’explique à DirectVelo, la saison ne fait que commencer.
DirectVelo : Quels enseignements et quel bilan tires-tu de ces Championnats d’Europe ?
Comme à chaque Championnat international, ça nous amène forcément à nous poser des questions. Nous avions choisi de préparer ce Championnat, notamment pour les catégories jeunes, à Montpellier. Les coureurs l’ont d’ailleurs souligné : pouvoir s’entraîner spécifiquement dans le sable a été une vraie chance, car ils ont ressenti la différence. Nous avions imaginé, depuis un an, une manche de Coupe de France dans le sable, mais ça n’a pas pu se concrétiser. Nous avons donc transféré cette idée sur un stage de préparation. Certains coureurs manquent encore d’expérience sur ce type de circuit, mais on constate malgré tout une belle progression depuis plusieurs années.
Il y a eu quelques incidents pour certains attendus…
Nous avons connu quelques aléas de course. Par exemple, Soren (Bruyère Joumard) a été pris dans une chute dès le deuxième virage et a dû repartir presque dernier. Chez les Juniors, la plupart ont dû faire des courses de remontée car ils avaient peu de points UCI. Malgré ça, ils sont plusieurs à avoir très bien couru, ce qui est d’autant plus remarquable sur un parcours souvent en monotrace. Chez les Juniors filles, que ce soit Lucie (Elizalde) ou Laly (Pichon), elles ont réalisé un très beau Championnat d’Europe, ce qui est rassurant. Nous avons Lise Revol et Zélie Lambert qui poursuivent leur préparation avec leur entraîneur. On a choisi de reprendre à Quelneuc le week-end prochain, en vue de l’objectif majeur de la saison, à savoir le Mondial.
« CETTE GÉNÉRATION MONTE EN PUISSANCE »
Chez les Elites Femmes, il y a eu de beaux résultats…
Amandine (Fouquenet) et Hélène (Clauzel) terminent 5e et 6e, ce qui reste satisfaisant. Certes, elles sont encore un peu loin du podium, mais elles progressent petit à petit. Elles ont fait le choix de courir davantage en Belgique cet hiver, au contact des meilleures Néerlandaises. Je suis convaincu que ça finira par payer.
Les Espoirs Hommes ont décroché des places d’honneur eux aussi, malgré là aussi des soucis pour Aubin Sparfel…
En Espoirs, la catégorie est très dense. On a trois Français dans le top 10. Il y a quelques années, on n’en avait même pas un seul ! Ça montre le niveau de progrès. Romain Debord a passé un vrai cap cet hiver, son travail paie. Alexis David revient dans le jeu, et quand Léo Bisiaux sera de retour, on aura encore une belle carte à jouer. Quant à Aubin (Sparfel), il était en tête à l’entame du dernier tour. Il lui manque encore un peu d’expérience et de maturité, mais ce sont des coureurs jeunes qui vont continuer à se construire. Globalement, ce Championnat comporte beaucoup de satisfactions.
Comme chez les Espoirs Femmes, avec les deux seules médailles tricolores !
Je suis particulièrement fier d’Amandine Muller, qui termine 3e. Elle progresse énormément et a encore deux années chez les Espoirs. Avec Célia, c’est très prometteur. Chaque année, cette génération monte en puissance et parvient à obtenir des résultats. Même si cette fois, nous n’avons pas eu toute la réussite espérée, je reste confiant pour la suite de la saison.
« JE SUIS CONFIANT »
Quel est le programme des catégories jeunes dans les semaines à venir ?
On va d’abord laisser passer la manche de Quelneuc, puis je finaliserai la sélection pour Tabor et Flamanville. Le fil conducteur reste la Coupe du Monde, qui est essentielle pour obtenir de bons points en vue du Mondial. Par exemple, sur ce Championnat d’Europe, nous n’avions qu’un seul Junior dans les quatre premières lignes. L’objectif est d’en placer beaucoup plus à Hulst, dans toutes les catégories. Les deux prochains mois vont donc être consacrés à cette préparation, jusqu’au Championnat du Monde en janvier.
Il n’y a donc pas de panique à avoir d’ici là ?
On a toujours réussi à performer sur les Mondiaux, donc je suis confiant. Ce Championnat d’Europe était un point de passage important. Certaines choses ont déjà payé, d’autres paieront plus tard. Nous allons poursuivre le travail, notamment lors du stage entre Tabor et Flamanville, pour continuer à progresser techniquement, surtout dans le sable, qui reste un point à renforcer.
Il y a toujours un lien étroit entre toi et les entraîneurs de chaque structure, pour la bonne progression des coureurs ?
Oui, tout à fait. Selon les projets individuels des coureurs, les programmes varient. Par exemple, Célia avait coupé cet été, puis de nouveau une semaine après le Rwanda, et elle va encore prendre quelques jours de repos. Aubin, lui, avait fait une saison plus courte sur la route et avait ensuite travaillé spécifiquement avec moi dans le sable avant le Championnat d’Europe. Le travail ne paie pas toujours à court terme. Parfois, tout réussit, comme il y a deux ans à Pontchâteau où nous étions premiers au tableau des médailles. D’autres fois, les résultats sont moins visibles immédiatement. Mais au-delà du bilan comptable, je regarde surtout la densité et la progression des coureurs. C’est ce qui compte sur le long terme. Ce n’est que le début de saison. Il faut continuer à avancer, et nous aurons de nouveaux enseignements d’ici la fin novembre, après Tabor et Flamanville.