Le film a séduit l’équipe de Ciné’fil Blois. « La réalisatrice Alexe Poukine fait parler d’elle en ce moment avec son premier long métrage Kika. Mais c’est son documentaire “ Sauve qui peut ” sorti en juin que l’on a voulu montrer, et autour élargir au débat », explique Godefroy Hirsch, membre du conseil d’administration de Ciné’fil.
Le sujet est à la fois sensible et d’actualité : il explore l’enseignement de la relation au patient dans le soin. Un élément essentiel trop souvent escamoté, et que l’on imagine encore plus difficile au cœur d’un système de santé blessé, avec moins de professionnels, moins de temps, des situations de plus en plus tendues. Et pourtant, cela fait des années que les organismes de formation blésois se sont emparés de méthodes innovantes.
« Nous avons construit ce ciné débat avec l’Institut de formation en soins infirmiers de Blois et avons élargi à la faculté de médecine de Tours. Ceux dont c’est le cœur de métier, souligne Godefroy Hirsch. Le film montre des simulations avec jeux de rôle : des comédiens jouent le rôle de patients face aux étudiants qui doivent annoncer une récidive de cancer par exemple. Puis il y a débriefing, c’est passionnant. Cela met les étudiants en position d’être acteurs de leur parole dans des situations complexes et cela leur apporte un retour du patient qui est très constructif. »
La réalisatrice filme des étudiants en Suisse, en Belgique et en Bretagne. Le champ des études infirmières a été le premier à investir cette dimension de la simulation. Comme à Blois.
« Jamais de première fois sur un patient »
« Depuis une dizaine d’années, nous reproduisons la situation de soin dans un laboratoire de simulation, afin qu’il n’y ait jamais de première fois sur un patient. Il y a les gestes techniques, comme un pansement ou une prise de sang, et les compétences relationnelles, face à un patient anxieux, à une opposition aux soins », souligne Anne Feuillâtre, adjointe à la direction de l’Ifsi de Blois. Des acteurs de la compagnie La Valise ambulatoire interviennent ainsi depuis quatre ans auprès des étudiants, encadrés par les formateurs qui écrivent les scénarios. L’étudiant se trouve en situation comme en stage, la scène est filmée et retransmise dans la salle à côté où les autres étudiants assistent à la scène.
« Il y a un briefing puis un débriefing du jeu de rôle. Il n’y a pas de jugement, l’analyse est bienveillante et ensuite on peut questionner le vécu, les émotions des élèves. Analyser les pratiques. La simulation est une vraie plus-value pour notre établissement », ajoute Anne Feuillâtre. Deux formateurs de l’Ifsi et une comédienne, Cécile Piscioneri, participeront au débat.
Le Pr Hubert Lardy de la faculté de médecine de Tours sera également présent afin de faire le point sur ces pratiques côté médecins. Car l’enjeu de la relation se joue en équipe. « Il y a de plus en plus de binômes en cancérologie, médecin et infirmière d’annonce. L’annonce implique souvent une sidération, les questions viennent après. Les infirmiers doivent savoir écouter et reformuler. »
Plus de chambres de simulation
Chez les médecins, la formation à la dimension relationnelle est apparue avec les Ecos, examens cliniques objectifs structurés, désormais demandés aux étudiants de 2e cycle.
À l’hôpital de Blois, les titulaires qui suivent les internes en médecine autour du Pr Lioger les préparent chaque mois à ces évaluations pratiques. Et le mouvement devrait s’amplifier avec l’arriver du Campus santé 41, dès l’an prochain pour les étudiants infirmiers et aides-soignants. Il y aura davantage de chambres de simulation (2 actuellement), un studio pour simuler le domicile, ainsi qu’une salle de soins.
Ciné débat « Sauve qui peut », jeudi 13 novembre à 20 h 30, au cinéma les Lobis à Blois. Entrée de 8,5€ à 5 €.