Incarcéré depuis vingt jours après sa condamnation dans l’affaire du financement libyen de sa campagne présidentielle, Nicolas Sarkozy pourrait sortir de prison ce lundi 10 novembre. Le parquet général a en effet requis dans la matinée sa mise en liberté sous contrôle judiciaire, dans le cadre de l’examen de la demande de l’ancien président de la République par la cour d’appel de Paris.
«Les risques de concertation frauduleuse, de pression sur les témoins fondent des réquisitions sous fins de placement sous contrôle judiciaire», a déclaré l’avocat général Damien Brunet, en demandant que «soit fait droit à la demande de Nicolas Sarkozy» d’être mis en liberté. La décision doit être rendue à 13 h 30.
Nicolas Sarkozy a été incarcéré depuis le 21 octobre à la prison de la Santé, à Paris. L’ancien chef de l’Etat n’a pas été extrait pour l’audience de ce lundi, qui a débuté à 9 h 30, et comparaît en visioconférence, offrant par écran interposé la première image de l’histoire d’un ancien président de la République en prison, en veste bleu foncé, pull et chemise. «C’est dur, c’est très dur, ça l’est certainement pour tout détenu, je dirais même que c’est éreintant», a expliqué à la cour Nicolas Sarkozy à propos de sa détention, qu’il qualifie de «cauchemar». Il a néanmoins rendu hommage au personnel pénitentiaire qui a «rendu ce cauchemar […] supportable».
«C’est la détention qui constitue une menace pour Nicolas Sarkozy, pas le contraire», a déclaré lundi un de ses avocats, Me Christophe Ingrain, lors de l’audience. C’est ce qui lui vaut d’être placé à l’isolement» en prison et de bénéficier de la protection de deux agents en détention. Le conseil a également énuméré les différents critères sur lesquels la cour d’appel de Paris doit se pencher pour décider de son maintien ou pas en détention.
Selon l’article 144 du code de procédure pénale, le maintien en détention n’est possible que s’il est l’«unique moyen» de protéger des preuves, d’empêcher pressions ou concertations, de prévenir fuite ou récidive, ou de le protéger. Autrement, l’ancien président devra être remis en liberté sous contrôle judiciaire, éventuellement assigné à résidence avec un bracelet électronique. En cas de feu vert de la justice, Nicolas Sarkozy, 70 ans, pourrait être libéré dans la foulée de l’audience.
L’ancien champion de la droite a été incarcéré un peu moins d’un mois après sa condamnation le 25 septembre à cinq ans de prison ferme pour association de malfaiteurs dans le procès libyen. Le tribunal correctionnel de Paris l’a reconnu coupable d’avoir sciemment laissé ses collaborateurs démarcher la Libye de Mouammar Kadhafi pour solliciter un financement occulte de sa campagne présidentielle victorieuse de 2007. Il a aussitôt fait appel. Cette détention inédite pour un ex-président de la République a suscité de vifs débats. Il s’agit aussi d’une première dans l’Union européenne, où aucun ancien chef d’Etat n’a connu l’emprisonnement.