On dit qu’il s’agit d’un des plus beaux métiers du monde, mais son apprentissage dans sa plus prestigieuse école ne l’est visiblement pas. L’École nationale vétérinaire de Maisons-Alfort, aux portes de Paris, est sous le coup d’une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Créteil suite à une plainte pour harcèlement moral et discrimination sexiste déposée par une vétérinaire en poste, rapporte la Cellule investigation de Radio France.

Dans un article riche en témoignages, la radio publique détaille un système « toxique », évoquant la surcharge de travail, la pression et un taux de suicide chez les vétérinaires déjà trois fois supérieur à la moyenne nationale. Cela alors qu’un nouveau drame a endeuillé l’école il y a un poignée de semaines avec le suicide d’une jeune interne de 24 ans la veille de la rentrée.

Plainte et dénonciation collective

Il y a trois ans déjà, Christophe Desbois, professeur d’anesthésie, mettait fin à ses jours après avoir dénoncé une longue descente aux enfers après avoir refusé de cautionner des dysfonctionnements. Dans son dernier rapport, il se demandait si ce qu’il vivait ne s’appelait pas du « harcèlement moral ».

La plainte la plus récente a été déposée en juillet par Valérie Freiche, vétérinaire gastro-entérologue, qui affirme avoir subi pendant des années « brimades, propos humiliants et vexations », notamment de la part du directeur de l’école.

Aussi, plusieurs enseignantes et salariées ont dénoncé des faits de harcèlement sexuel impliquant notamment un autre professeur influent, Dominique Grandjean, décoré de la Légion d’honneur en 2022. Face à ces révélations, le directeur de l’école Christophe Degueurce, assure qu’aucune enquête interne n’a identifié de « dysfonctionnement systémique ».

Un constat partagé par le ministère de l’Agriculture, saisi à quatre reprises et qui ne reconnaît ni « harcèlement ni agissements sexistes » dans trois des quatre alertes, poursuit l’article de « France Info ». Une étude récente sur 1.600 étudiants des écoles vétérinaires est particulièrement alarmante : 43 % des étudiants interrogés présentent un état dépressif modéré à sévère et 15,7 % déclarent avoir eu des pensées suicidaires, des taux très supérieurs à ceux de la population générale.