Par
Maréva Laville
Publié le
10 nov. 2025 à 15h29
« Karim touche jusqu’à trois fois plus d’aides sociales que Nicolas. Pour Nicolas, la remigration est la seule solution. » C’est ce qui était inscrit sur une banderole accrochée au portail de la Caf de Haute-Garonne à Toulouse ce samedi 8 novembre 2025 matin par un groupuscule d’extrême droite.
Pour pousser le vice, le message a été traduit en anglais. Histoire que tous ceux qui ne liraient pas bien le français comprennent bien l’amalgame entre le prénom d’origine arabe Karim et les aides sociales, ainsi que le concept de « remigration » incitant les immigrés non-européens à retourner dans leur pays d’origine, très porté par l’extrême droite.
Le Maire de Toulouse saisit le procureur de la République
L’installation matinale, divulguée sur les réseaux sociaux, n’a pas manqué de faire réagir. D’autant qu’elle intervient seulement cinq jours après les nombreuses injures et menaces de mort à caractère racistes disposées dans un caddie, à une trentaine de mètres de l’entrée des écoles maternelle et primaire Alfred de Musset.
Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, a annoncé, sur son compte institutionnel X, saisir le procureur de la République de Toulouse. « Une nouvelle fois, des messages racistes et haineux ont été affichés, aujourd’hui encore, devant la CAF […] Toulouse ne tolérera jamais de tels actes, totalement contraires à nos valeurs républicaines », écrit-il.
La montée de l’extrême droite inquiète à Toulouse
Son rival pour les élections municipales, le candidat LFI François Piquemal, s’inquiète quant à lui de la « récidive » de l’extrême droite à Toulouse. « Notre ville est anti-fasciste et nous le ferons vivre dans nos politiques locales en 2026 », scande-t-il.
Une observation rejointe par le candidat socialiste François Briançon qui blâme une « extrême droite [qui] ne se contente plus de mots », mais qui « occupe l’espace public avec des banderoles racistes ». « Cette banalisation de la haine ne doit pas rester sans réponse », souligne-t-il.
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Côté Écologistes, Antoine Maurice qualifie l’action comme honteuse et dangereuse. « Les aides sociales ne sont pas un prétexte pour diviser, mais un outil de solidarité. À Toulouse, nous devons faire front contre le racisme et défendre l’égalité. »
Toulouse n’est-elle « plus protégée » ?
Une grande partie des candidats au Capitole pour 2026, ou leurs partis politiques, se sont emparés du sujet, à l’exception des candidats ou personnalités politiques d’extrême droite.
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Les Jeunes en marche, soutiens macronistes en Haute-Garonne, ont également réagi face à cette « montée de l’extrême droite à Toulouse, dont on pensait protégée de tout cela », confie le référent local Pierre Fournier.
Une plainte contre X déposée
Mais c’est loin d’être le cas, souligne la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (LICRA). « C’est une réalité. Que ce soit sur l’antisémitisme, qui explose, mais aussi sur les faits de racisme. On le note à Toulouse singulièrement parce qu’on le voit, mais les zones rurales sont aussi touchées. Notre avocat est surchargé », assure Lucas Duval, militant et responsable de la communication à la LICRA.
Une plainte contre X va être déposée par l’association « afin d’engager une action contre ce racisme anti-immigrés ».
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