« Nous allons tout faire pour que cette mascarade nauséabonde et réactionnaire n’ait pas lieu ». C’est par ces mots, publiés sur les réseaux sociaux en fin de semaine dernière, que le collectif féministe NousToutes35 et plusieurs autres organisations de gauche appellent à la mobilisation contre un gala caritatif, jugé proche de l’extrême droite, qui doit se tenir à Rennes mercredi 19 novembre.
Plus de 500 associations aidées
Cofondée par le controversé milliardaire ultraconservateur Pierre-Édouard Stérin, la Nuit du Bien Commun est un mouvement qui organise des levées de fonds au profit de diverses associations. Depuis 2017, plus de 26 millions d’euros auraient été récoltés via du mécénat pour plus de 500 structures différentes – comme l’association Lazare qui développe des colocations solidaires entre des jeunes actifs et des sans-abris, le collectif Médecins Solidaires qui vise à lutter contre les déserts médicaux ou encore l’association Les Liens du Coeur qui accompagne les enfants atteints d’une malformation cardiaque et leurs familles.
Des soirées philanthropiques pourtant de plus en plus critiquées. La Nuit du Bien Commun est notamment pointée du doigt pour avoir contribué à financer des associations accusées d’être anti IVG. Des organisations de gauche dénoncent également un évènement qui servirait d’« outil de réseautage pour l’extrême droite ». L’an passé, des voix s’étaient justement élevées chez des élus écologistes pour dénoncer la tenue de la seconde édition du gala caritatif à Rennes.
Nathalie Appéré monte au créneau
La soirée, qui s’était déroulée au Couvent des Jacobins, avait permis de récolter plus de 250 000 €. Si l’ambiance avait été festive à l’intérieur, elle s’était révélée bien plus tendue dehors, où plusieurs centaines de manifestants s’étaient rassemblées devant le bâtiment pour dénoncer l’organisation du gala. La police avait dû se résoudre à utiliser des gaz lacrymogènes pour disperser le rassemblement.
Depuis, la maire de Rennes, aux côtés de sept autres édiles de gauche, a pris publiquement la parole dans une tribune publiée dans Le Monde dénonçant « un événement au vernis bienveillant » derrière lequel « se cache une entreprise idéologique structurée ». « Sous couvert de philanthropie, c’est une vision rétrograde de la société qui s’installe insidieusement dans nos territoires », était-il écrit. « Une vision qui oppose la morale aux droits, la charité à la justice sociale, la hiérarchie à l’égalité ».
Organisé dans un lieu tenu secret
Ces derniers mois, l’événement a continué de créer des remous partout où il est passé. Pour tenter d’apaiser les tensions, Pierre-Édouard Stérin a récemment décidé de quitter le conseil d’administration de la société. En vain. Les polémiques ont continué à se multiplier.
Comme en Charente-Maritime, où plusieurs associations qui devaient bénéficier de la levée de fonds se sont retirées en dernière minute dans un souci de « neutralité ». Ou encore à Aix-en-Provence, le mois dernier, quand une grève de techniciens et la pression des manifestants ont contraint les organisateurs à annuler l’événement en présentiel pour se limiter à une diffusion en ligne.
Un spectacle pour la bourgeoisie locale
Plus vraiment en odeur de sainteté auprès de la majorité politique à Rennes, le gala n’aura pas lieu cette année au Couvent des Jacobins. « La soirée sera organisée dans un lieu tenu secret jusqu’au dernier moment », nous confie un participant sous couvert d’anonymat. Sur le site officiel, il est précisé que les inscrits se verront transmettre « des précisions ultérieurement ». Contactés par Le Télégramme, les organisateurs n’ont pas donné suite.
De leur côté, les collectifs rennais qui dénoncent « un spectacle pour la bourgeoisie locale » appellent à une grande manifestation le soir de l’événement. « Nous devons continuer à nous mobiliser contre tous les événements qui renforcent les réseaux conservateurs et réactionnaires, notamment dans le contexte des prochaines échéances électorales, dont les municipales », ont-ils écrit.