Par
Rédaction Lille
Publié le
25 avr. 2025 à 18h42
Après 13 ans de mariage et 17 ans de vie commune, un couple s’est déchiré devant le tribunal de Lille (Nord), le 23 avril 2025. L’homme, âgé de 37 ans, comparaissait libre, mais ce sont de graves accusations que porte son ex conjointe contre lui. Un viol, survenu dans le domicile conjugal de Loos en janvier 2022 d’après les souvenirs de la plaignante, qui a fait l’objet d’une correctionnalisation. Sur fond d’enregistrements de conversations pris à l’insu du prévenu, pour apporter des aveux aux policiers, l’examen de l’affaire a occupé le tribunal une bonne partie de l’après-midi. Le trentenaire, de son côté, dit n’avoir jamais fait preuve de violence lors de leurs rapports intimes. Deux versions s’affrontent.
« Je pensais que ce qui s’était passé, je l’avais mérité »
Les faits dénoncés ne l’ont été que courant 2023, soit un an environ après leur commission présumée. L’épouse a compris ce dont elle avait été victime par son époux, est-il relaté à l’audience, qu’au cours d’une thérapie avec une psychologue.
« Je pensais que ce qui s’était passé, je l’avais mérité, parce que nous n’avions pas eu de rapports pendant 2 ans et demi », explique-t-elle, en larmes, au tribunal. La naissance du 2e enfant du couple avait en effet engendré l’arrêt total de leur vie sexuelle. C’est admis par les deux ex conjoints.
Ce soir de janvier 2022, le prévenu l’aurait mise de force sur le dos dans le lit conjugal, et l’aurait violée malgré ses « non » répétitifs. L’acte contraint aurait été accompagné de paroles dégradantes, du type « Tu vas voir, tu vas aimer ! » Elle, s’est dite « tétanisée », avec les poignets bloqués par son conjoint. « C’est encore constamment présent chez moi », dit-elle encore à l’audience, en pleurs.
De son côté, le prévenu de 37 ans souligne qu’ils ont « toujours eu des rapports sexuels normaux », qu’il n’y a « jamais eu de violence » dans ce cadre.
Des conversations qu’il a eues avec son épouse, que celle-ci a enregistrées à son insu, sont lues par le président à l’audience. La plaignante, pour « constituer des preuves », a apporté au fil de l’eau ces bandes aux policiers, courant 2023.
On y entend notamment la mère de deux enfants répéter à son époux : « Je t’ai dit non dix fois ! » Ce à quoi son interlocuteur répond « C’est la première fois que tu disais non ». Face à cela, le prévenu avance que « c’est déjà arrivé qu’on ait un rapport sexuel alors que l’on n’était pas connectés dès le début ». Il se défend en disant n’avoir déjà pas eu envie d’un rapprochement avec sa femme, mais avoir pourtant cédé sous son insistance. Et vice-versa.
« Elle a tissé sa toile », dit l’avocat du prévenu
L’avocate de la plaignante dénonce des « faits extrêmement graves« , qui « résonnent encore en elle » et « continuent de la hanter ». Les agissements supposés du mari auraient été motivés par « l’émancipation de Madame, qui lui a été insupportable ». C’est elle, en effet, qui est l’initiative du divorce. L’avocate demande une interdiction d’entrer en contact avec sa cliente et les deux enfants qu’ils ont eus ensemble, 5000 € au titre du préjudice sexuel et 400 € au titre du préjudice moral.
Le conseil du prévenu, quant à lui, voit en cette procédure une manière, pour la mère de famille, de « s’accaparer les enfants ». « Elle a tissé sa toile », tranche-t-il. Il demande la relaxe.
La procureure n’émet pas de doute sur la survenue du viol conjugal, en raison des « circonstances précises et circonstanciées » relatées par la plaignante. Elle requiert contre le prévenu 3 ans de prison, dont 2 avec sursis. La décision sera rendue le 30 avril 2025.
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