Publié le
10 nov. 2025 à 19h46
Début octobre 2025, la France entière s’est rappelée au bon souvenir du Panthéon. Lors d’une cérémonie d’hommage, Robert Badinter a fait son entrée au Panthéon. L’homme politique ayant porté la loi sur l’abolition de la peine de mort repose désormais avec les grandes dames et grands hommes de l’histoire française.
Demain, on célébrera l’Armistice du 11 novembre 1918, qui met fin aux combats de cette Première Guerre mondiale si meurtrière. Ces quatre ans de guerre feront près de 20 millions de morts, dont 1,7 million de Français.
Parmi ces tués, de nombreux Virois. L’un d’eux a reçu une distinction toute particulière.
Un homme de Lettres
Il s’agit de Roger Eng. À Vire, une rue porte son nom. À part ça, pas grand-chose si ce n’est le travail de Janine Koch. L’historienne locale s’est penchée sur la vie de ce jeune homme. « Il est le seul Virois à être cité au Panthéon, en tant qu’homme de Lettres », nous dit-elle.
De quoi s’intéresser de plus près à ce Virois, pacifiste, fils d’imprimeur qui sera tué à Verdun à l’âge de 24 ans.
Avec 559 autres écrivains
Dans Le dictionnaire insolite du Pays Virois, Janine Koch a consacré un article à Roger Eng. Son nom a été cité inscrit au Panthéon le 15 octobre 1927, « sur l’un des quatre panneaux consacrés aux 560 écrivains français tombés au champ d’honneur, selon la formule consacrée ».
Qui était-il ? Roger Eng était né à Vire en 1882, rue du Neufbourg, « dans une famille appartenant à la bourgeoisie ‘à talents’ comme on disait ». Ses parents sont imprimeurs et propriétaires du principal journal local, Le Bocage, devenu aujourd’hui La Voix Le Bocage.
Les Eng sur quatre générations ont le goût de l’encre, du papier, de l’écrit (relieur, libraire, imprimeur et journaliste).
Janine Koch
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Ses études sont celles d’un garçon élevé dans un milieu intellectuel : études secondaires au collège de Vire, puis licence de lettres à Caen. Il collabore également au journal de ses parents et publie deux recueils de poèmes : Les Amies oubliées et Voyage.

Une rue porte son nom. ©Christopher LEBRANCHUSon modèle : Jean Jaurès
La guerre éclate. Les mobilisations sont à l’œuvre. Roger Eng, lui, adhère aux idées de Jean Jaurès, qui prône le pacifisme. Pour preuve, le 31 juillet 1914, le jeune homme investit le kiosque à musique de la place du château, « le transforme en tribune politique, harangue la foule et, comme son maître à penser, clame haut et fort que la guerre n’est pas une fatalité ». Le même jour, Jaurès est assassiné. Tout le monde finit par entrer dans le rang. Ce sera le cas aussi pour Roger Eng. Il est appelé sous les drapeaux le 3 août. Il est sur le front dès le 28 août. Blessé au cours de la bataille de la Marne, il est fait prisonnier en Allemagne.
On retrouve sa trace en juillet 1915 dans les combats près d’Arras. En mars 1916, il est promu caporal. Il est alors intégré au centre d’instruction de Saint-Cyr.

Roger Eng est enterré au cimetière Saint-Benoît. ©Christopher LEBRANCHU
Mais quelques mois plus tard, il est de retour au front. À Verdun. Il va y mourir à l’âge de 24 ans. Son corps est rapatrié à Vire. Il est encore aujourd’hui enterré au cimetière Saint-Benoît.
« Le dictionnaire insolite du Pays Virois », par l’université inter-âges de l’antenne de Vire, paru en 2017.
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