Voilà plusieurs années que Uini Atonio cale solidement la mêlée française. Le…

Voilà plusieurs années que Uini Atonio cale solidement la mêlée française. Le Rochelais de 35 ans, actuellement blessé, avait pris sa retraite internationale à l’issue de la Coupe du monde 2023. Il en est vite ressorti, frustré de ne pas avoir conquis le trophée, et parce que le staff des Bleus a tout fait pour le convaincre de ne pas raccrocher les crampons tricolores. Même si le Mondial 2027 paraît vraiment loin pour lui.

La relève ne s’est pas imposée

Ces dernières années, ni Demba Bamba (27 ans, 29 sélections) ni Georges-Henri Colombe (27 ans, 10 sélections), ni Sipili Falatea (28 ans, 14 sélections) n’ont réussi à s’imposer sur la durée, en raison de performances trop irrégulières ou de blessures récurrentes. La relève est incarnée par Tevita Tatafu (23 ans), souvent gêné par des pépins physiques. En janvier dernier puis cet été en Nouvelle-Zélande, il a fallu rappeler Rabah Slimani (35 ans), parti au Leinster. Pas vraiment une manière de préparer l’avenir.

Pourquoi le deuxième pays au monde en termes de licenciés souffre-t-il à ce poste si exigeant ? « Chez les jeunes, il faut déjà trouver des profils en surpoids, pose Didier Retière, directeur technique national du rugby français de 2014 à 2022. Et quand on les a, ils ont logiquement du mal à enchaîner les séquences de jeu. Donc soit ils maigrissent, soit les clubs mettent des joueurs moins costauds, qui plus tard ne sont pas toujours au même niveau que leurs concurrents étrangers. »

Portée par une formation axée sur le jeu (d’où un nombre impressionnant de trois-quarts très talentueux), la France pencherait moins vers le développement de la puissance que les autres grandes nations. « C’est un équilibre à trouver, prolonge Retière. Les Anglais, par exemple, sont vraiment très axés sur la culture de la préparation physique. Il n’y a qu’à voir leurs dernières équipes U20… Les Irlandais, eux, ont un vivier plus limité mais identifient quelques profils et les accompagnent de très près. »

Le bonheur vient des îles

Dans un Top 14 de plus en plus compétitif, la course à l’armement pousse, depuis des années, les clubs à aller chercher dans les îles du Pacifique des jeunes joueurs aux morphotypes très costauds, plus à même de tenir un poste où il est difficile d’exister quand on fait moins de 120 kilos. Le Néo-Zélandais Atonio a rejoint La Rochelle à 21 ans, le Bayonnais Tatafu est de nationalité tongienne et le Bordelais Falatea vient de Wallis-et-Futuna.

Rares donc chers, les piliers droits français ou formés en France sont parmi les joueurs aux salaires les plus élevés sur le marché. Les écuries de Top 14, plus riches que les autres, peuvent se permettre de débaucher des joueurs étrangers, qui gagnent parfois moins que les Français, mais plus qu’ailleurs. L’Anglais Kyle Sinckler, le Tongien Ben Tameifuna et l’Américain (des Samoa) David Ainu’u font les beaux jours de Toulon, de Bordeaux-Bègles et de Toulouse.

Au tour de Laclayat ?

« Je ne vois pas de pénurie, estime pour sa part Malik Hamadache, ancien pilier droit (une sélection en 2017). On a eu un gros creux générationnel il y a dix ans, mais aujourd’hui, on a beaucoup de droitiers talentueux en France. Il faut simplement leur laisser le temps de s’installer au niveau international, d’accumuler de l’expérience et des automatismes. Quand Régis Montagne découvre ce niveau en affrontant les All Blacks et les Springboks, il n’a aucun temps d’adaptation. »

Et Hamadache de citer Thomas Laclayat comme un autre candidat potentiel. Le Palois (28 ans) a été capé une fois, en 2023, mais n’a pas su maintenir un niveau élevé ensuite pour poursuivre en sélection. Son début de saison réussi avec la Section lui a permis d’intégrer le groupe des 42 pour cette tournée d’automne. Et peut-être la feuille de match, samedi, face aux Fidji à Bordeaux.