Par

Jean-Marc Aubert

Publié le

10 nov. 2025 à 10h41

En l’espace d’un an, trois épiceries de nuit ont été volontairement incendiées à Montpellier, des actes criminels qui ont fait deux morts, au milieu de la nuit du 6 au 7 octobre 2024, dans la quartier ouest du Pas du Loup : vers 3h40, l’épicier qui dormait dans le commerce et un jeune de la cité venu à son secours sont décédés, carbonisés l’un au fond du commerce, l’autre dans une voiture. L’enquête de la police judiciaire n’a pas encore abouti, elle se poursuit activement.

Peu après, dans la nuit du 9 au 10 octobre 2024, c’est une épicerie de nuit qui était brûlée, sur l’avenue de Toulouse : des inconnus encagoulés, armés et porteurs de bidons de carburant ont fait irruption, ont fait fuir l’employé et les clients, avant de répandre au sol l’essence et de craquer une allumette. La voiture utilisée par les incendiaires a été retrouvée incendiée non loin de là, dans une rue du Mas Drevon. L’établissement est toujours fermé.

C’est exactement le même scénario qui est survenu dans la nuit du 6 au 7 novembre 2025, vers 1h15, dans l’épicerie Slimaxx, sur l’avenue du Maréchal Leclerc, dans la cité Saint-Martin. Un inconnu encagoulé, armé et transportant un bidon d’essence s’est présenté au moment où les deux salariés et un client étaient présents. Après avoir braqué et ordonné aux témoins de s’enfuir, il a déversé le produit inflammable au sol. On connaît la suite.

Déjà visé par des coups de feu

Le propriétaire de cette épicerie possède deux autres commerces dans le quartier Saint-Martin, où ces derniers mois, il aurait essayé des tirs d’armes à feu, des coups à l’arme blanche et visé par des menaces de mort. Était-ce des avertissements qui n’ont pas été suivis d’effet par ces épiciers ?

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La police judiciaire tente d’établir un lien éventuel entre ces trois actions violentes au scénario similaire, avec cette interrogation : faut-il suivre la piste locale, avec un ou des concurrents voulant se débarrasser d’autres commerçants qui font de l’ombre ? Sont-ils rackettés avec le refus de « cracher au bassinet » ? Ou bien les enquêteurs doivent t’ils  s’intéresser à la piste de la DZ Mafia de Marseille, qui, après avoir tissé sa toile à Nîmes, prospecte autour de points de deal de Montpellier ?

Inconnus vêtus de noir 

Selon nos informations, grâce à son téléphone portable, un trafiquant de drogue de Montpellier incarcéré dans un centre pénitentiaire des Bouches-du-Rhône, se serait rapproché de cette bande de narcotrafiquants ancrée dans les quartiers nord de la cité phocéenne pour surveiller le fonctionnement de ses points de deal -Saint-Martin, Cité Gély les Marels et Aiguelongue- car il continue de gérer son business juteux depuis sa cellule. Ainsi, les dealers, toujours sous la coupe du narcotrafiquant montpelliérain, ont été fermement rappelés à l’ordre : des inconnus entièrement vêtus de noir, encagoulés et avec des lunettes de soleil pour dissimuler la couleur de leurs yeux sont venus malmener ces petites mains du trafiquant autour des points de deal de la cité Saint-Martin, comme Métropolitain l’a récemment révélé.

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Détail relevé par les enquêteurs du Service départemental de police judiciaire -Sipj- de Montpellier qui dépend de la DIPN 34 : l’incendiaire de l’autre nuit de l’épicerie Slimaxx était habillé en noir de la tête aux pieds… 

« Mort en héros »

Un an après l’effroyable mort de Lakhdar Sebaa, l’épicier et de Salah Eddine El Ibrimi, 30 ans, personne ne les oublie dans le quartier du Pas du Loup. Pourquoi le commerçant qui venait de rénover entièrement l’épicerie dormait t-il au fond ? Les policiers n’ont toujours pas répondu à cette question. Les incendiaires le savaient t-il ou est-ce qu’ils l’ignoraient ? Selon nos informations, Lakhdar Sebaa aurait été harcelé depuis des mois avant le drame pour vendre son épicerie très convoitée à un narcotrafiquant. Rien n’est établi toutefois.

Jusqu’au bout, Salah Eddine El Ibrimi qui regagnait son domicile quand il a vu l’épicerie en flammes a tenté de sortir Lakhdar Sebaa, bloqué au fond par un rideau de flammes, à mains nues dans un premier temps, puis au volant de son véhicule en le lançant comme une voiture-bélier. Hélas, ils ont péri carbonisés. Un drame survenu sous les yeux de deux amis de Salah Eddine El Ibrimli, « mort en héros » comme le rappelle t-on dans la cité du Pas du Loup : avant qu’il n’utilise une voiture pour défoncer l’entrée de l’épicerie, ils ont vainement tenter d’y pénétrer à coups de pied et d’épaule. 

Cette scène d’horreur va les hanter jusqu’à la fin de leur vie, avec cette phrase de leur copain Salah qui résonne encore dans les têtes : « Tonton, je vais te sortir de là », en grimpant au violant de la voiture. Il surnommait le commerçant « tonton », réfugié au fond de l’épicerie et encore vivant dans le brasier, avant que ces deux amis ne soient piégés. Les auteurs courent toujours.

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