Les inégalités persistent aussi dans le couple. « Le sujet est central mais tabou ! » lance Pauline, venue assister à une conférence sur le couple et l’argent le 6 novembre 2025 à Rennes. « J’ai grandi avec une mère qui ne travaillait pas et dépendait de mon père. À l’inverse, j’ai tout fait pour gagner autant que mon mari », précise cette mère de trois enfants.
« On assume le choix de proposer des évènements pour les femmes, même si ça fait débat », souligne Gwen, à la tête du Curiosity club de Rennes qui organise la conférence. « Certaines intervenantes ont refusé de venir pour cette raison mais on constate que la parole est plus libre entre femmes », argumente-t-elle. Et il y a une demande puisque l’événement affiche complet. « On a dû refuser du monde », se réjouit-elle.
« Je suis venue car c’est un événement réservé aux femmes, confirme Astrid, en recherche d’emploi. Parler d’argent en présence d’homme aurait été un frein pour moi », ajoute celle qui se dit incompétente en matière de gestion financière.
« Le couple hétéro appauvrit les femmes »
Premier conseil : « Contrairement aux idées reçues : quand on aime, on compte », avance Lucille Quillet, autrice du Prix à payer. La conférencière évoque, au nom des femmes, « l’argent que l’on n’aura jamais ». Elle illustre son propos en évoquant des vacances « classiques » où l’homme – qui gagne plus dans 75 % des cas – finance les grosses dépenses pour une destination qu’il choisit. La femme, qui avait imaginé des vacances plus modestes, se sent reconnaissante… et compense en faisant davantage de tâches domestiques « gratuites ». En plus, elle paie les « à-côtés » invisibles, qui lui reviennent parfois plus cher que les vacances initialement envisagées.
Plus globalement, dans un schéma classique, l’homme se charge des dépenses importantes, comme l’achat d’une voiture, là où la femme s’occupe des courses. « En cas de séparation l’homme repart avec la voiture et la femme ses rouleaux de PQ », caricature volontairement Lucille Quillet pour qui « le couple hétéro appauvrit les femmes ».
« C’est ultra-choquant », réagit Charlotte. « On ne peut pas abattre 500 ans de patriarcat en une décennie, surtout quand les hommes accaparent encore le pouvoir ! » ajoute Claire.
Pas une fatalité
Mais ce n’est pas une fatalité. Pour plus d’égalité conjugale, le couple doit prendre le temps de tout mettre à plat. Sans oublier les coûts invisibles, comme les dépenses purement féminines (frais de gynécologie, d’esthétique, etc.), le travail domestique, le temps passé à s’occuper des enfants.
Les dépenses doivent aussi être réparties au prorata des revenus. « Faire 50/50 n’est pas équitable », prévient la coach professionnelle. Un compte commun alimenté en fonction du salaire de chacun est juste. Il faut aussi se protéger mutuellement et le mariage est bien plus protecteur que le Pacs, rappelle-t-elle. Inciter les femmes à ne plus culpabiliser et reprendre confiance étaient aussi les mots d’ordre de la soirée.
Le message est passé. Claire repart avec « des arguments supplémentaires pour aborder plus sereinement le sujet » avec son conjoint. Même enthousiasme de Juliette qui se sent armée pour « mettre en place un compte joint équitable » mais aussi légitime pour « négocier une augmentation ».