Après la Marne, la Meuse, l’Aube, la Haute Marne, voici que des cas de grippe aviaire ont été découvert dans de nombreux autres départements un peu partout en France. Les Landes, la Vendée, le Haut-Rhin, la Cantal sont désormais aussi touchés, avec toutes les mesures de sécurité et contrainte que cela engendre. Les éleveurs, surtout de volaille sont les plus inquiets mais les chasseurs le sont aussi car si des cas ou foyers sont découverts la chasse peut être interdite, notamment pour le petit gibier sédentaire et migrateur. Renseignez-vous régulièrement auprès de votre fédération pour suivre le mesures mises en place localement.

D’où vient l’épidémie ?

J’ai bien sûr contacté le service sanitaire de la Fédération Nationale de la Chasse. Anne de Galard et Eva Faure ont eu la gentillesse de répondre à de nombreuses questions dont, en premier lieu, d’où vient l’épidémie et pourquoi les grues semblent-elles être plus touchées que les autres espèces d’oiseaux lors de cette épidémie 2025 ? « Globalement on ne sait pas annonce Eva Faure en préambule. On ne peut qu’émettre des hypothèses. J’en liste quelques-unes. Les grues sont très visibles, d’autres espèces moins visibles meurent aussi mais sont plus difficiles à découvrir. Après le nombre de grues touchées est très important, probablement plus de 20 000 en France, ça montre bien que cette espèce est très sensible à la souche virale circulant actuellement. Le comportement de cette espèce joue aussi un rôle : regroupement de très nombreux individus lors de la migration sur des reposoirs, cela facilite la circulation du virus. L’Allemagne avait signalé d’importantes mortalités de grues juste avant qu’on commence à en trouver en France. »

Grue cendrée atteinte de la grippe aviaire
Combien de temps dure l’incubation

La vétérinaire abord ensuite la durée d’incubation, avec là aussi de nombreuses zones d’ombres et des précautions d’usage. « Pour la question de la durée d’incubation chez les oiseaux sauvages, on ne la connaît pas. Et pour différentes raisons listées ci-dessous : 

Chez les animaux domestiques ces durées d’incubation sont obtenues après infection expérimentale de l’espèce considérée, ou éventuellement après retour de nombreuses observations entre contact infectant et déclaration des symptômes.

Elle est probablement variable en fonction des espèces d’oiseaux.

Elle est aussi très probablement variable en fonction des souches de virus, qui sont différentes tous les ans. Il y a aussi souvent plusieurs souches virales qui circulent simultanément. 

Sur ce sujet, on peut juste noter que des grues qui se sont contaminées en Allemagne sont venues mourir en France, voire en Espagne, sachant qu’elles doivent parcourir ce trajet en une journée. Mais il y a tellement d’inconnues qu’on ne peut pas réellement conclure. »

Comment se transmet le virus entre oiseaux ?

« Quant à la contamination des oiseaux, elle se fait par contact direct ou indirect (matériel souillé de fientes ou environnement dans lequel le virus IAHP survit très bien quand il fait froid). Ce sont des virus très virulent, qui contaminent facilement les oiseaux auxquels ils sont exposés. Pour rappel, les mesures de biosécurité à appliquer en élevage entre 2 bâtiments différents durant les périodes à risque IAHP, prévoient que les opérateurs prennent une douche et aillent même jusqu’à se laver les cheveux avant d’aller dans un 2 ème bâtiment. »

La grippe aviaire peut être contaminer les humains ?

C’est une question légitime lorsque l’on voit la virulence de ce virus ! Les plaquettes d’information du ministère de l’agriculture et de la souveraineté alimentaire ne le cachent pas. La transmission de virus influenza aviaire de l’animal à l’homme est un évènement très rare. Mais cela peut survenir et avoir des conséquences graves pour la santé humaine comme ce fut le cas lors des épisodes de grippe aviaire en Asie en 1997, 2003, 2004-2005. Plus récemment, les sous types H7N9 puis H9N2 et H5N6, ont été à l’origine de cas humains notamment en Chine. La bonne nouvelle c’est que, pour le moment, il n’y a pas de contamination entre humains. « Le vrai danger précise Anne de Galard, serait une recombinaison entre virus grippal humain et celui de la grippe aviaire. Comme pour tous les virus grippaux, qui évoluent très vite, il me parait important de ne rien affirmer et de rester autant que possible sur un mode conditionnel.

Ainsi, les personnes qui travaillent en contact avec des oiseaux, qu’ils soient sauvages ou d’élevages, sont incitées à se faire vacciner contre la grippe saisonnière. Il est recommandé aux personnes présentant un syndrome grippal de ne pas approcher les oiseaux morts ou qui présentent des signes de maladie. De façon générale, tout individu qui est appelée à manipuler des oiseaux malades ou des cadavres doit porter des équipements de protection individuelle (a minima, masque FFP2 et gants) et être formée à la biosécurité. »

Morale de l’histoire, si vous découvrez des cadavres d’oiseaux dans les prochains jours dans la nature ne les touchez pas ! Contacter la fédération départementale des chasseurs ou l’OFB, les deux interlocuteurs du réseau SAGIR qui sont formés et sauront comment intervenir pour collecter et traiter ces pauvres oiseaux !