Rarement donnée, La vie brève de Manuel de Falla a commencé la saison lyrique nantaise par un opéra en version concert, samedi 8 novembre. L’absence de mise en scène aurait pu déstabiliser le public et les interprètes. Mais il n’en a rien été, à en juger par le silence attentif de la salle puis l’ovation finale.

Le compositeur espagnol écrit ce court opéra en s’inspirant de la musique andalouse. Il raconte l’histoire de la gitane Salud, follement amoureuse de Paco, qui se joue d’elle. Il préfère épouser une jeune fille riche plus proche de son rang, provocant la mort de Salud.

La chanteuse de flamenco Laura Gallego Cabezas transporte le public en Espagne. Sa voix gutturale, pleine de pathos, éclipse l’orchestre. Les autres chanteurs ne sont pas en reste, telle la mezzo-soprano Lucie Roche, à la voix profonde, ou la basse Jean-Luc Ballestra. Patricia Petibon incarne la gitane Salud avec beaucoup d’intensité et d’énergie.

Le chœur d’Angers Nantes opéra surprend par sa proximité ; il est en effet placé sur la fosse d’orchestre au lieu d’être en fond de scène, comme souvent. Manuel de Falla, utilise tous les moyens vocaux propres au début du XXe : chœur parlé, injonctions, chant sans paroles ou avec. Toute une gamme sonore mettant en valeur le savoir-faire de ce chœur professionnel. Plusieurs petits rôles font découvrir la richesse de leurs voix, en particulier celle du ténor Sung Joo Han

Le chef d’orchestre espagnol Roberto Forès Veses obtient une large palette de couleurs et d’émotions de l’orchestre national des Pays de la Loire. Sa direction précise, dansante, électrise les interprètes. Une version incandescente de La vie brève, précédée par celle du ballet-pantomime l’Amour sorcier, transcendée par la qualité des interprètes.

Ce programme sera redonné au Quai, à Angers, samedi 15 novembre, à 18 h (de 4 € à 52 €, www.angers-nantes-opera.com, onpl.fr).