Une proposition européenne visant à assouplir les lois sur la vie privée – dont le RGPD fait partie – est attendue pour bientôt. Elle pourrait transformer la façon dont l’IA s’entraîne sur vos données personnelles. Le but ? Renforcer la compétitivité européenne dans ce domaine. De quoi susciter (ou nourrir) de vifs débats sur la protection de la vie privée.

Le Règlement Général sur la Protection des Données (RGPD) est entré en vigueur en mai 2018 au sein de l’Union Européenne. Relativement récente, cette loi, qui vise à protéger les données relatives à la vie privée des citoyens de l’Union Européenne, pourrait déjà être réécrite. En effet, une proposition européenne destinée à l’assouplir est attendue pour le 19 novembre 2025.
Cette révision permettrait aux algorithmes des intelligences artificielles de s’entraîner sur certaines données pseudonymisées (rendues anonymes par la suppression d’informations personnellement identifiables) jusque-là protégées par des lois comme le RGPD. Les applications et sites web pourraient également obtenir des bases légales élargies afin de suivre les utilisateurs au-delà du consentement explicite, selon nos confrères de TechRadar.
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L’Europe envisage finalement de laisser l’IA s’entraîner sur vos données
Alors que l’Europe œuvre généralement pour mieux protéger les données personnelles des internautes européens, elle pourrait finalement lâcher du lest afin de renforcer sa compétitivité dans le domaine de l’intelligence artificielle. En effet, les règles strictes de protections des données européennes sont parfois accusées de laisser libre champ aux Etats-Unis et la Chine dans la course effrénée à l’IA. Plusieurs fonctionnalités IA déployées par des géants de la tech, comme Apple, Google ou Meta, ont par exemple été retardées, voire bloquées, par les régulateurs européens. Cela a notamment été le cas d’Apple Intelligence.
Bien que cette révision ne devrait pas modifier les principes fondamentaux du RGPD – puisque les changements seraient censés être techniques et ciblés –, cette simple proposition suffit à faire monter au créneau l’un des architectes du RGPD, Jan Philipp Albrecht, qui alerte : une telle révision pourrait « [saper] les normes européennes de manière dramatique ».
Si pour le moment la Commission européenne n’a pas encore statué sur un quelconque changement concernant les diverses règlementations de confidentialité, cette simple proposition suffit à relancer de vifs débats sur la protection de la vie privée et l’innovation européenne dans le domaine de l’IA.
Cette question divise déjà au sein même de l’Union européenne : l’Allemagne et la Finlande semblent vouloir aller dans le sens de toute évolution permettant d’améliorer la compétitivité du Vieux Continent dans le domaine de l’IA ; tandis que la France, l’Autriche, la Slovénie, l’Estonie ou encore la République tchèque se sont positionnées contre une réécriture du jeune RGPD.