Il nous épate à chaque film. Le réalisateur d’origine égyptienne et de nationalité suédoise – il est né en 1972 à Stockholm – Tarik Saleh nous avait tant époustouflés avec son thriller politique « Le Caire confidentiel » en 2017 que nous l’avions alors récompensé de l’Étoile de Parisien du meilleur film étranger de l’année. Rebelote en 2022, avec le remarquable « La Conspiration du Caire », thriller religieux cette fois, qui avait remporté le Prix du Scénario à Cannes.
C’est à nouveau sélectionné en compétition sur la Croisette en mai dernier que le cinéaste a dévoilé « Les Aigles de la République », en salles ce mercredi, où il mêle 7e art, politique et histoires d’amour.
Un long-métrage porté par l’acteur fétiche du réalisateur, Fares Fares, qui incarne le comédien George Fahmy, le plus en vogue d’Égypte dont les productions rencontrent un immense succès populaire. Les stars du grand écran y ont une aura de demi-dieux mais bien qu’adulé, Fahmy, ne profite pas abusivement de sa célébrité, se partage entre différents projets de films et une relation houleuse avec une jeunette (campée par la Française Lyna Khoudri).
Jusqu’au jour où le pouvoir en place, qui tient le pays d’une main de fer, demande à l’acteur d’incarner, dans un film de propagande à la gloire du régime, le président Sissi – celui même qui est actuellement à la tête du pays. Dans l’incapacité de refuser car sa famille est menacée, Fahmy doit naviguer à vue dans les sombres méandres de ce pouvoir dur et corrompu.
Sa posture ambivalente va se révéler encore plus complexe à cause d’un événement politique inattendu, mais aussi parce qu’il entame une liaison avec la fascinante mais énigmatique épouse du général qui dirige le film – une beauté intrigante interprétée avec brio par la trop rare Zineb Triki, héroïne de la série « Le Bureau des légendes ».
Fares Fares, acteur fabuleux
Phénoménal, le film – où presque tout est tiré de la réalité, ce qui ne risque pas d’arranger les relations de Tarik Saleh avec son pays d’origine, où il est interdit de territoire – ne ménage pas le spectateur avec un suspense haletant et des retournements de situation constants. On vous laisse découvrir le plus sidérant qui survient à mi-film, si inattendu et soudain qu’on ne peut se retenir un cri d’étonnement face à l’écran.
« Les Aigles de la République » se double par ailleurs d’une extraordinaire ode au 7e Art, tel qu’il se pratiquait en Égypte entre les années 1950 et 1970, en transposant le propos de nos jours, avec des scènes folles d’ambiance de tournage ou de liesse populaire devant les exploits cinématographiques des comédiens et, surtout, à travers le portrait épatant de ce comédien magnifique, toujours entre deux combines et deux amours mais au charme irrésistible.
Une fois encore, la performance de Fares Fares dans ce rôle sans cesse au bord du précipice est épatante. Quel fabuleux acteur !
La note de la rédaction :
« Les Aigles de la République », thriller historique suédois de Tarik Saleh, avec Fares Fares, Lyna Khoudri, Zineb Triki… 2h08.