Les terres rares (abondantes, mais difficiles à extraire), ce sont des métaux comme le dysprosium, le terbium ou le néodyme, indispensables aux smartphones, aux voitures électriques et même à certaines éoliennes. Chez Tradium, des milliers de fûts s’alignent — et presque toutes les étiquettes pointent vers la même origine : la Chine.

La situation s’est tendue depuis avril : en plein bras de fer avec les États-Unis, Pékin impose des licences d’exportation aux conditions drastiques, tout en contrôlant plus de 60 % de l’extraction minière et 92 % de la production raffinée mondiale (AIE).

Les aimants aux terres rares, critiques pour l’automobile, mettent l’industrie européenne sous pression. « La nervosité monte chez nos clients », confie Matthias Rüth (Tradium). Les prix s’envolent, l’incertitude grandit, et le risque d’un arrêt de production, lourd de conséquences, n’est plus théorique.

Cette dépendance est ancienne : l’Europe a préféré acheter à moindre coût ailleurs, tandis que les États-Unis ont laissé la Chine dominer pour des raisons de coûts et d’environnement. Et malgré des signaux politiques (une supposée suspension de certaines restrictions évoquée fin octobre), sur le terrain, les restrictions d’avril perdurent, avec des licences exigeant notamment la divulgation de secrets industriels et la preuve d’un non-usage défense. Des conditions difficilement acceptables pour les entreprises européennes.

L’UE prévoit, d’ici 2030, de sécuriser ses approvisionnements : au moins 10 % d’extraction, 40 % de transformation et 25 % de recyclage en Europe. Mais la mise en œuvre s’annonce compliquée, sur un marché où les prix très bas rendent l’exploitation hors de Chine peu rentable. « Notre vie moderne dépend entièrement de ces matières », résume Rüth, avant de conclure avec un brin  de fatalisme : « De mon point de vue, il est déjà trop tard. »

(d’après une dépêche AFP)