Isabelle Carré passe derrière la caméra pour mettre ses mots et les maux en images afin de transmettre un peu plus l’espoir et la bienveillance qui l’animent.

Le synopsis

Parce qu’elle culpabilise, parce qu’elle se sent inutile, parce qu’elle va mal en fait, Elisabeth s’enfile tous les cachets de la boîte à pharmacie. Elle se réveille à l’hôpital Necker (Paris XIV) et se retrouve internée avec des enfants de son âge et des préados. Car Elisabeth a 14 ans. Elle ignore encore que le théâtre lui sauvera la vie et que, dans quelques années, elle sera une comédienne connue et reconnue.

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La critique de Paris Match (5/5)

En réalité, Elisabeth s’appelle Isabelle Carré. En 2018, elle racontait son histoire dans « Les rêveurs » (éd. Grasset), vendu à 200 000 exemplaires. Plutôt que se reposer sur ses lauriers, elle s’investit au quotidien dans des ateliers d’écriture où les jeunes peuvent exprimer et exorciser leur désarroi, leur colère, leur désespoir… Bref, leur mal-être. Lequel ne s’est pas arrangé avec les deux confinements ! Et Isabelle Carré de passer derrière la caméra pour mettre ses mots et les maux en images afin de transmettre un peu plus l’espoir et la bienveillance qui l’animent. Le résultat, en plus d’être réjouissant comme le sont les œuvres qui réussissent à transformer les intentions en fait, est bouleversant.

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D’abord, le fond. Il touche absolument tout le monde : les adultes parce qu’ils sont tous passés par la case ado, les ados parce qu’ils sont au cœur d’un sujet qui n’a jamais été abordé aussi frontalement. Ensuite, la forme. Construit en flash-back, le film adopte le point de vue exclusif de l’héroïne et c’est sa prime qualité. Ainsi découvre-t-on petit à petit le pourquoi du comment d’une souffrance sans jamais pour autant forcer sur le pathos. Au contraire ! « Les rêveurs », dont les deux tiers se déroulent dans les années 1980, est un long-métrage résolument tourné vers des lendemains qui chantent, où rien n’est jamais perdu, où le champ des possibles est infini – Isabelle Carré (qui joue Elisabeth adulte) en étant la preuve vivante.

Enfin, il y a Tessa Jumont Janod, une inconnue au bataillon qui ne devrait pas le rester. C’est elle, Elisabeth ado. Pas une fausse note dans son jeu, pas plus qu’il n’y en a dans celui de Mélissa Boros, sa copine d’infortune. Elles n’ont rien à envier à leurs prestigieux partenaires : Nicole Garcia, Judith Chemla, Pablo Pauly, Bernard Campan (indissociable complice d’Isabelle Carré) ou encore Alex Lutz dans le rôle du grand frère musicien. C’est d’ailleurs Benoît Carré, frère de, qui a composé la bande originale, se fendant au passage d’une magistrale cover de « Our house » de Madness chantée par la maîtrise de Radio France. Le talent au Carré.

De et avec Isabelle Carré
avec aussi Judith Chemla, Tessa Jumont Janod…