Publié le
11 nov. 2025 à 16h28
« Pas de chauffage, d’eau chaude et de cuisine… Je ne sais pas ce qui est le pire. Peut-être l’eau chaude ? Non, en fait c’est un tout. » Depuis une semaine, Emelyne Bénard a eu plus d’une fois l’occasion de se poser la question. Comme tout son immeuble du quartier du Parc Saint-Cyr, à Elbeuf (Seine-Maritime), elle est privée de gaz et de tout son confort. Malgré ses demandes, un rendez-vous un peu forcé avec le directeur de son bailleur et après avoir expliqué la situation de son fils malade, elle n’a toujours pas obtenu de réponses claires. Et en attendant, elle n’a toujours pas de possibilité de se doucher, de cuisiner ou de chauffer correctement son appartement.
Une fuite de gaz qui paralyse l’immeuble
Tout débute le lundi 3 novembre 2025. De retour chez elle après quelques jours de vacances, Emelyne Bénard retrouve avec ses deux enfants son appartement du troisième étage d’un immeuble plutôt récent. « Le soir, j’ai voulu prendre une douche, mais je n’avais que de l’eau froide », rembobine la locataire, qui est arrivée il y a presque un an dans ce logement géré par EBS Habitat.
C’est auprès de ses voisins qu’elle apprend qu’une fuite de gaz a eu lieu dans l’immeuble et que les pompiers et les services de GrDF ont dû se déplacer pour couper le gaz, à cause d’une conduite défectueuse.
Pour les locataires, c’est le début d’une belle galère. « Une fuite, ça arrive. Faire des démarches, des contrôles et des diagnostics, c’est OK. Surtout avec quelque chose d’aussi dangereux que le gaz. Mais ça ne demande pas une semaine et demie à remettre ! Et il faut tenir les locataires au courant », dénonce Emelyne Bénard.
Le début d’un combat
Le fait de naviguer dans le brouillard, c’est ce que regrette la locataire. Un avis partagé par deux de ses voisines, qui échangent ce jour-là les dernières nouvelles depuis le balcon et le parking. Chacun a sa version et a entendu des informations divergentes.
« Ce matin, j’en ai eu marre et je suis allée chez EBS pour demander des réponses comme on ne répondait pas à mes appels ou à mes mails, explique Emelyne Bénard, le lundi 10 novembre 2025, une semaine après le début de la panne. J’ai dit que je ne partirais pas sans avoir vu quelqu’un. Je suis restée 45 minutes et le directeur a fini par me recevoir. »
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Un entretien que la locataire a trouvé particulièrement désagréable, ne se sentant pas du tout écoutée par son interlocuteur. Pire encore, elle en est repartie sans réponses concrètes, à part l’annonce du prêt de radiateurs électriques, pour au moins régler la question du chauffage. L’après-midi même, les deux convecteurs étaient dans son salon. Mais cette solution provisoire ne la satisfait que partiellement.
Qui va payer le surcoût de consommation électrique ? Le directeur m’a dit qu’on verrait ça plus tard, donc je n’ai pas eu d’engagement, mais je refuse de le payer moi-même !
Emelyne Bénard, locataire
Contacté, EBS Habitat reconnaît cette panne dans les 11 logements de l’immeuble. « Nous ne sommes pas en mesure de rétablir le gaz. Cela doit passer par GrDF et un contrôle de la conformité par un organisme agréé », indique le bailleur. Une procédure qui a pris du retard, alors qu’EBS Habitat n’était au début pas au courant de cette panne. Mais le pire, pour les locataires impactés, c’est qu’aucune date de remise en route n’est évoquée.
Les procédures d’attestation sont en cours et EBS Habitat est en contact avec GrDF pour valider la remise en route.
EBS Habitat
Lundi 10 novembre 2025, les locataires ont bien reçu un SMS pour leur indiquer que la reprise se fera en deux temps, pour les appartements concernés directement par la conduite de gaz touchée et pour les autres. Mais sans se risquer à dire quand.
Obligés de s’adapter
En attendant, les locataires doivent s’adapter. Certains n’avaient pas attendu pour sortir les radiateurs électriques. D’autres ont toujours pu cuisiner, avec du matériel électrique. Emelyne Bénard, elle, doit faire sans et trouver ses propres solutions. « Pour la douche, ma famille n’habite pas juste à côté, donc ce n’est pas tous les jours. Avec ma fille de neuf ans, on se lave au gant et à l’eau froide », décrit la jeune femme. Pour la cuisine, c’est le micro-ondes qui assure le service minimum.
Pour le chauffage, enfin, il faut compter sur les températures clémentes pour un début novembre. Le jour de notre visite, au plus chaud de l’après-midi et juste avant de brancher les convecteurs, il faisait à peine plus de 17 °C dans le salon. Un petit peu moins dans la chambre voisine, où dort son fils d’un an et demi.

Au milieu de l’après-midi, il ne fait que 17 degrés dans la chambre du petit. La nuit, la température descend plus bas. ©Photo transmise par Emelyne Bénard
Et c’est bien ce qui inquiète le plus la mère de famille : « Il a une neutropénie sévère, ce qui veut dire qu’il a peu de globules blancs donc il attrape tous les virus. » Depuis le début de la panne de chauffage, Emelyne Bénard assure que l’état de santé de son fils s’est aggravé.
La nuit, je me lève tout le temps pour lui faire des lavages de nez. Il a des quintes de toux. Cette nuit, il n’a quasiment pas dormi… Comme il a la peau très claire, je vois bien qu’il a la peau très marbrée parce qu’il a froid.
Emelyne Bénard
Avec l’arrivée des radiateurs électriques, la situation devrait un peu s’améliorer. Mais la locataire ne compte pas en rester là. Pour le préjudice subi, elle attend une indemnisation de la part de son bailleur. Pour cela, elle envisage de solliciter l’ADIL, une association qui défend les intérêts des locataires, et de mobiliser ses voisins.
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