Le procureur de la République de Grasse a été destinataire d’un signalement au titre de l’article 40. Visé ? Le chef de la police municipale de Mougins. JC.F. a pris la tête des agents mouginois à la fin 2022. Cet ancien militaire était auparavant en poste à Nice, numéro deux du directeur.

Certains de ses hommes, que nous avons rencontrés, font état de harcèlement. Trois d’entre eux ont décidé de porter l’affaire devant la justice, par le biais d’un « lanceur d’alerte » qui a saisi le parquet. « Placardisation », « humiliations publiques », « isolement professionnel », « atteinte à la dignité professionnelle », « pression constante », etc : « Les éléments portés à ma connaissance font apparaître un mode de management autoritaire », écrit celui qui a rédigé le signalement qui identifie trois victimes potentielles. Mais, il assure : « Il existe d’autres agents victimes de ces comportements, néanmoins ne disposant pas d’autant de détails que pour ceux susmentionnés, il ne me semble pas nécessaire de les lister nominativement ».

Par ailleurs, précise le rédacteur du signalement, « en plus de leurs témoignages, les intéressés disposent de documents ainsi que de plusieurs enregistrements audio attestant du comportement inadapté et dégradant » du directeur de la police municipale.

« Je me suis souvent senti humilié »

« À Mougins, nous sommes 39 policiers municipaux et une quinzaine d’ASVP et d’administratifs », précise l’un des plaignants. Qui jure : « Beaucoup d’entre eux subissent aussi les agissements du chef, mais ils n’osent pas parler ». Il détaille : « Pour moi, le harcèlement a commencé insidieusement. Ensuite, ça a dégénéré très vite ». « Je suis constamment rabaissé, dénigré, isolé », confie-t-il. Un autre plaignant souffle : « Je me suis souvent senti humilié, il m’arrivait d’avoir envie de pleurer. Je ne suis pas le seul ». Il énumère : « Le gros » utilisé pour nommer un de ses collègues ou encore « les pots de peinture qui doivent bouger leur gros cul » pour parler des secrétaires.

À ce jour, la Ville de Mougins indique ne pas avoir encore été officiellement saisie de ce signalement.

Des signalements sur une plateforme de bien être au travail : la Ville tient à lui « apporter son soutien total »

Parallèlement à cette alerte à la justice, quatre policiers municipaux, selon nos informations, ont réalisé un signalement sur Qualicare, la plateforme dédiée au bien être au travail utilisée par la Ville de Mougins. Et leurs récriminations et doléances seraient bien remontées jusqu’au maire, Richard Galy. Ils doivent, dans le courant du mois de novembre, être reçus en mairie.

Êtes-vous au courant des crispations au sein de votre police, crispations qui ont conduit à un signalement au procureur ?

En 2022, la Ville a souhaité remettre de l’ordre et dynamiser la police municipale. En effet, à cette époque une certaine démotivation avait atteint les effectifs. Il a été alors nécessaire de mener une politique volontariste pour remonter une police efficiente au contact des citoyens. La Ville a recruté un nouveau directeur, auquel ont été assignés des objectifs de proximité avec la population et de lutte contre les incivilités et la délinquance. Les moyens humains, matériels et financiers ont ainsi été renforcés pour atteindre ces objectifs.

Depuis cette réorganisation, les départs, précédemment nombreux, ont quasiment cessé et les effectifs en hausse ont permis d’harmoniser et de stabiliser les équipes, comme en atteste le très faible taux d’absentéisme. Dans une collectivité, il y a toujours des agents plus ou moins mécontents des décisions prises par leur supérieur hiérarchique et qui peuvent être mal ressenties. Il s’avère qu’un agent, recruté avec son épouse, aurait depuis quelque temps un problème relationnel avec le directeur ; ces agents ont déjà été reçus par le DGS. Cela ressemble plus à une mésentente qu’à du harcèlement.

Par définition, une Police Municipale n’est pas un service administratif mais s’appuie sur des obligations opérationnelles : le fait de donner des ordres et d’avoir un service mobile et évolutif fait partie de l’organisation intrinsèque de la police, qui doit s’adapter en permanence à la réalité de terrain. Alors oui, des ordres sont donnés et oui, des agents sont susceptibles d’être repositionnés en fonction de l’intérêt du service, et des enjeux de sécurité publique, qui peuvent changer chaque jour et nécessitent une capacité d’adaptation de la part de tous les agents.

Quelle est votre réaction aux accusations portées contre votre directeur de la police municipale ?

La Ville tient à lui apporter son soutien total. Il mène chaque jour une mission délicate de garantie de sécurité sur notre territoire et de lutte contre les incivilités et la délinquance, chiffres à l’appui (-32 % de cambriolages). Il dirige les agents de la police avec fermeté mais aussi discernement pour les accompagner dans leur rôle. Il est également constamment sur le terrain avec ses agents. Son implication au service de la population mouginoise est exemplaire et reconnue de tous. De telles accusations sont dénuées de fondement.

En parallèle, quatre de vos agents ont effectué un signalement sur la plateforme Qualicare. Allez-vous les recevoir pour en discuter avec eux ?

Deux signalements sont enregistrés. La Ville tient à rappeler qu’elle reste vigilante quant aux conditions de travail de l’ensemble des agents qui doit se faire dans le respect de chacun. Dans le cadre d’un signalement, les agents de la police municipale, comme de tout autre service, sont reçus et accompagnés, c’est la procédure classique.