lire plus tard
Pour sauvegarder cet article, connectez-vous ou créez un compte franceinfo
Sans paiement. Sans abonnement.
Fermer la fenêtre d’activation des notifications France Info
créer votre compte
se connecter
Fermer la fenêtre de présentation
Publié le 12/11/2025 14:37
Temps de lecture : 4min – vidéo : 10min

Morgane Fert Malka est invitée mercredi 12 novembre du 11-13 sur France Info. Spécialiste du renseignement et de la Russie, elle revient sur les ingérences russes en France et leurs conséquences.
(Franceinfo)
10min
Morgane Fert Malka est invitée mercredi 12 novembre du 11-13 sur France Info. Spécialiste du renseignement et de la Russie, elle revient sur les ingérences russes en France et leurs conséquences.
Ce texte correspond à la retranscription d’une partie de l’interview ci-dessus. Cliquez sur la vidéo pour regarder l’entretien en intégralité.
Flore Maréchal : Certes, on parle de la guerre hybride entre l’Ukraine et la Russie. Y a-t-il une vraie stratégie du côté de la Russie de déstabilisation de tout le continent européen ?
Morgane Fert Malka : Oui, tout à fait. Je pense que la déstabilisation et ce qu’on a appelé la guerre hybride, c’est une continuation de la guerre par d’autres moyens, comme la guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens, donc la Russie boucle la boucle dans cette optique-là. Je pense que la force de la Russie aujourd’hui, c’est qu’elle a intégré cette déstabilisation dans sa doctrine normale, sa doctrine offensive globale, et donc c’est quelque chose sur lequel elle a développé des outils déjà qui sont peut-être déjà bien identifiés. Donc c’est aujourd’hui à l’Europe de pouvoir répondre avec des contre-outils.
Flore Maréchal : Ces derniers temps, il y a eu ces têtes de cochon découvertes devant neuf mosquées de la région parisienne. On sait que la piste serbe, notamment, a été explorée. Il y avait les mains rouges au mémorial de la Shoah. Il y a eu les cercueils déposés devant la tour Eiffel. Il y a eu plusieurs actions suspectes en France depuis le début de la guerre russe en Ukraine. Est-ce que vous y voyez la main de la Russie derrière ?
Morgane Fert Malka : Je pense que dans certains cas, c’est documenté. Dans d’autres cas, nous avons encore un doute ou un déni plausible, et le déni plausible est évidemment très important, c’est central dans ces opérations, car si les Russes ne peuvent pas dire non, ce n’est pas nous, il n’y a pas de preuve, à ce moment-là, ce n’est plus de la guerre hybride, c’est déjà une attaque directe. Cela dit, je pense que ces opérations-là sont peut-être un petit peu… Je ne veux pas les minimiser, mais par rapport à l’ampleur de ce en quoi consiste la guerre hybride, ces opérations-là peuvent sembler un peu anecdotiques pour des observateurs… Plus symboliques qu’autre chose. Plus symboliques et aussi anecdotiques dans la mesure où finalement, c’est le fait d’en parler beaucoup qui leur donne l’impact qu’ils ont.
Au-delà de ça, l’ingérence, la déstabilisation, c’est quelque chose qui comprend l’espionnage, qui comprend les sabotages d’infrastructures critiques, qui comprend les brouillages GPS, les brouillages de réseau, etc., et qui peuvent avoir des implications beaucoup plus graves que ces têtes de cochon.
Flore Maréchal : Mais d’un point de vue symbolique, il y a eu aussi ces tags, on s’en souvient, d’étoiles de David, c’était à l’automne 2023, et là on sait que derrière c’était le FSB, donc le renseignement intérieur russe. Quand on dit la Russie est derrière cela, de quoi parle-t-on ? Est-ce qu’on parle du Kremlin ? Est-ce qu’on parle du renseignement ? Est-ce qu’on parle du ministère des Affaires étrangères russe ?
Morgane Fert Malka : Alors la Russie reste un pays extrêmement centralisé. Son système sécuritaire, son appareil sécuritaire et son appareil de renseignement et d’opérations clandestines sont très centralisés avec une verticale pour les opérations importantes qui remontent directement jusqu’au président. Cela dit, il y a aussi, du fait même de cette verticalité, des initiatives venues d’en bas de divers services qui peuvent vouloir se faire mousser auprès de leur grand chef. Et donc, on a parfois aussi des dérapages, des bavures, des choses qui ne se passent pas exactement comme prévu, qui sont ensuite expliquées, plus ou moins justifiées auprès du chef de l’État. Donc, c’est à la fois très centralisé et aussi un petit peu parfois chaotique et manquant de contrôle.
Cliquez sur la vidéo pour regarder l’entretien en intégralité.