La visite a pris une autre tournure. En déplacement à Toulouse (Haute-Garonne), Emmanuel Macron a pris part à un débat sur «la démocratie à l’épreuve des réseaux sociaux», avant de consacrer son après-midi à la stratégie spatiale nationale. Mais les agriculteurs occitans, encore très remontés par le possible accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, se sont invités dans l’agenda présidentiel.

A l’issue d’un entretien avec une délégation d’exploitants occitans à la mi-journée, le Président «a été extrêmement clair» pour leur dire que le projet d’accord entre l’UE et le Mercosur, «tel qu’il existe aujourd’hui, recueillera un non très ferme de la France», a rapporté la ministre de l’Agriculture Annie Genevard. En l’absence de clause de sauvegarde, de «mesures miroirs» ou encore de «contrôles aux frontières», «la France ne peut pas valider à ce stade le projet d’accord avec les pays du Mercosur parce que ce projet d’accord ne protège pas les intérêts de nos agriculteurs», a ajouté la ministre, devant la presse, à l’issue de l’entrevue à laquelle elle a également participé.

Ulcéré par les propos du chef de l’Etat, qui s’est dit «plutôt positif» mais «vigilant» sur la possibilité d’accepter l’accord commercial entre l’Union européenne et le Mercosur, le syndicat agricole FNSEA avait appelé ses adhérents à se mobiliser ce mercredi matin pour «exiger des engagements clairs et fermes du président de la République en faveur de l’agriculture française».

Les agriculteurs devraient ainsi converger, pour certains à bord de leurs engins agricoles, vers le siège de la Dépêche, dans l’ouest de la Ville rose, où Emmanuel Macron a lancé une série de débats sur la démocratie et les réseaux sociaux face à quelques centaines de personnes. Interrogé sur la possibilité de quitter les réseaux sociaux, il a répondu : «C’est quelque chose à quoi je réfléchis avec beaucoup d’attention, croyez-moi, et que je n’exclus pas du tout.»

Il devait évoquer avec plusieurs experts trois grands thèmes face à 250 à 300 personnes pendant environ deux heures, avait fait savoir le directeur de l’information du journal toulousain, Lionel Laparade. Il devait d’abord être question lors de ce débat du complotisme sur les questions sanitaires, en compagnie notamment du Dr Julien Mazières, pneumologue au CHU de Toulouse, en première ligne lors de la crise du Covid-19.

Puis de la désinformation et des infox lors d’un échange avec le directeur général de la Dépêche du Midi, Jean-Nicolas Baylet ainsi qu’avec Lionel Laparade. Et enfin, de l’éducation des jeunes face aux réseaux sociaux, avec notamment l’enseignant et youtubeur Yann Bouvier – plus de 1,17 million d’abonnés cumulés sur YouTube et TikTok – et l’ex-recteur de l’académie d’Occitanie, Mostafa Fourar.

«Si on compare la puissance des réseaux sociaux à (celle de) la presse, on voit bien qu’il y a une difficulté, un rapport de force qui ne joue pas en notre faveur. C’est notre rôle, dans ce maquis des réseaux sociaux, de continuer à faire notre métier», a souligné Lionel Laparade.

Le Président entend faire des effets néfastes des écrans et des réseaux sociaux son nouveau cheval de bataille dans la dernière ligne droite du quinquennat avant les municipales de 2026 et la présidentielle de 2027.

Avec «des algorithmes et des ingérences qui structurent finalement nos émotions, la façon dont se déroule notre débat public et la façon dont on s’informe», «l’indépendance nationale est une forme d’indépendance cognitive», a-t-on souligné à l’Elysée. Des «décisions» pourront être prises à l’issue de ce tour de France, et «tout est ouvert», y compris l’hypothèse du référendum, quant à la façon dont elles seront prises, a-t-on précisé.

Le président de la République doit ensuite inaugurer dans l’après-midi des bâtiments du Commandement de l’espace (CDE) où il dévoilera la stratégie nationale spatiale française à l’horizon 2040 pour faire face à la compétition mondiale, tant civile que militaire. «L’espace n’est plus un endroit paisible, c’est un endroit de contestation», dont certaines «extrêmement agressives de la part de nos compétiteurs, parmi lesquels la Russie», fait valoir l’Elysée.

«Dans l’espace, le mot d’ordre est d’accélérer immédiatement. […] Face à la militarisation de l’espace, le temps n’est plus celui des politesses de la défense active mais bien des actions offensives», jugeait jeudi le chef d’état-major de l’armée de l’Air et de l’Espace, le général Jérôme Bellanger.

Emmanuel Macron doit donc, selon l’Elysée, donner ce mercredi «une vision», «un calendrier» et «fixer un objectif» pour cette stratégie, qu’il devrait décliner selon cinq piliers : la «souveraineté en matière d’accès à l’espace», les compétences industrielles, la défense, «la science et l’exploration», ainsi que la coopération, tant intra-européenne qu’avec les alliés non-européens.

Mis à jour à 16 h 20 avec l’ajout de la déclaration d’Annie Genevard.