L’émotion est aussi grande que le soulagement. Ilan Larmet a triomphé ce vendredi, en ouverture du Tour de Bretagne (voir classement), à la conclusion d’une échappée dès le kilomètre 0, achevée 143 kilomètres plus loin dans un un contre un entre le coureur du VC Rouen 76 et Joshua Golliker (EF Education-Aevolo). « C’est incroyable, le Tour de Bretagne, c’est un rêve. Je voulais prendre l’échappée, je voulais voir où ça pouvait m’emmener, à la base je voulais les bonifs. Là c’est une dinguerie ! Ma saison est déjà réussie dans tous les cas », exulte-t-il, lui qui était loin d’être dans sa meilleure année avant de s’imposer à Redon-Redon, il y a deux semaines. À tel point que sa présence sur l’épreuve de Classe 2 n’était pas garantie. « Ça s’est décidé dimanche dernier. C’était vraiment au dernier moment ».

Ilan Larmet et ses camarades du jour, Cédric Abt, Robin Lesné et donc Joshua Golliker, ont d’abord été à un train de sénateur. « On n’a pas roulé trop fort au début, et quand on a perdu Robin (Lesné), on a mis en route vraiment… Le gars de EF ne voulait pas trop passer, il me disait qu’il avait un sprinteur. Je lui ai dit que ce n’était pas pour aujourd’hui le sprint. Au final il a collaboré, il était super fort ». Le Breton est conscient que la forme est là et se régale à rouler avec le Britannique. « Dès les premiers kilomètres, je sentais que ça allait bien. Il fallait que les mecs aient envie d’aller au bout. Sinon, ça aurait vite pu se regarder. J’adore les échappées quand il y a des gars costauds avec moi, c’est génial. C’est vraiment le type de course que j’adore ». Mais le peloton ne joue pourtant pas trop avec les hommes de tête.

« ON VA PROFITER LE PLUS LONGTEMPS POSSIBLE »

Alors qu’il reste une quarantaine de kilomètres, le quatuor n’a pas le droit à plus d’une minute de marge. « Je me suis dit que ça allait être chaud. Je savais que je pouvais aller loin mais il fallait que les gars collaborent, sinon ce n’était pas possible. On nous a laissé trois minutes au max sur la journée. Ce n’est pas énorme pour une échappée de quatre ». Les hommes de tête gardent cette précieuse minute jusqu’au bout, et Joshua Golliker décide de faire cavalier seul dans les derniers kilomètres. « Au début, je voulais me faire ramener. Mais j’ai dû rentrer tout seul. Et une fois rentré, il a roulé, c’était l’idéal pour moi. J’ai bien manœuvré, il ne fallait pas lui laisser plus de champ parce qu’il était fort quand même ». Ilan Larmet a ensuite fait parler sa force. « J’ai fait le sprint à 200 mètres. J’aime bien les sprints longs. 500 mètres, ça ne m’aurait pas dérangé ».

La victoire est là, et avec elle le premier maillot de leader du Tour de Bretagne. « Je ne voulais pas avoir de regrets sur les premières étapes, je voulais prendre l’opportunité et ça m’a réussi aujourd’hui, je ne regrette pas du tout. On va profiter le plus longtemps possible. J’ai une équipe forte. Le but sera de garder le maillot le plus longtemps possible ». Après le Tour du Loir-et-Cher où il était resté discret car il ne voulait pas « prendre de risques pour le Tour de Bretagne », et des opportunités d’échappée ratées, cette fois, le coureur de 23 ans a réussi à s’exprimer dans son registre de baroudeur. « C’est un peu pour ça que je suis là au Tour de Bretagne ». Et le scénario de la journée ne lui fera pas regretter sa présence.