L’écrivain franco-algérien Boualem Sansal, 81 ans, a retrouvé la liberté. Gracié par le président algérien Abdelmadjid Tebboune après un an d’incarcération, il a atterri mercredi soir à Berlin à bord d’un avion militaire allemand, où il doit désormais recevoir des soins médicaux. Le transfert s’est déroulé en quelques heures, sous escorte diplomatique.

Selon la porte-parole du président allemand, Cerstin Gammelin, un conseiller de Frank-Walter Steinmeier s’est rendu personnellement à Alger pour accompagner l’auteur jusqu’à l’aéroport de Berlin. Sur place, des journalistes de l’AFP ont observé un convoi de trois véhicules noirs quitter l’aéroport, parmi lesquels figurait l’ambassadeur de France, François Delattre. Boualem Sansal a immédiatement été pris en charge dans un hôpital berlinois, avant d’être rejoint jeudi par son épouse arrivée d’Algérie.

« Un geste humanitaire important »

Cette libération marque l’aboutissement d’une intense médiation diplomatique. Le président allemand a salué « un geste humanitaire important » de son homologue algérien, soulignant qu’il « témoigne également de la qualité des relations et de la confiance entre l’Allemagne et l’Algérie ». A Toulouse, Emmanuel Macron a lui aussi remercié Abdelmadjid Tebboune et Frank-Walter Steinmeier, évoquant « les bons offices de l’Allemagne » et « ce geste d’humanité ».

Condamné à cinq ans de prison en mars 2025, peine confirmée en appel le 1er juillet, Boualem Sansal purgeait une peine pour « atteinte à l’unité nationale ». En cause : des propos tenus en octobre 2024 au média français Frontières, où il affirmait que certaines régions de l’ouest algérien, comme Oran et Mascara, appartenaient historiquement au Maroc avant la colonisation française. L’écrivain, qui avait renoncé à se pourvoir en cassation, remplissait les conditions d’une grâce présidentielle.

La fin d’un calvaire pour l’écrivain franco-algérien

Face à l’état de santé fragile du romancier, traité pour un cancer de la prostate, Frank-Walter Steinmeier avait plaidé dès lundi pour sa libération, estimant qu’« un tel geste serait l’expression d’une attitude humanitaire et d’une vision politique à long terme ». Sa fille Sabeha Sansal, soulagée, a confié à l’AFP : « J’y ai toujours cru », tout en admettant avoir été « un petit peu pessimiste » de peur qu’il « meure là-bas ».

Notre dossier sur l’Algérie

L’arrivée de Boualem Sansal à Berlin met un terme à une année de tensions entre Alger et Paris, et symbolise le rôle de médiateur croissant de l’Allemagne dans les crises diplomatiques du Maghreb.