Publié : 12 novembre 2025 à 15h22 – Modifié : 12 novembre 2025 à 15h32 Charles GUYARD

Camille Dormegnies, directrice de France Victimes à Nantes
Crédit : Charles Guyard
Plusieurs dizaines de victimes, directes ou indirectes, étant originaires de la région nantaise, l’antenne locale de France Victimes s’est chargée de leur accompagnement, suite aux attaques du 13 novembre 2015 en France.
Terrasses de café mitraillées, prise d’otage sanglante au Bataclan, attentat suicide au Stade de France… Demain jeudi 13 novembre, cela fera 10 ans, jour pour jour, que le cœur de Paris et la Seine Saint-Denis ont été frappés par des attaques terroristes sans précédent en France. Ces attaques ont eu des répercussions dans tout le pays puisque des victimes étaient originaires de nombreuses régions.
A Nantes, l’antenne locale de France Victimes a accueilli plusieurs dizaines de personnes, soit des victimes de cette nuit tragique du 13 novembre 2015, soit des parents ou des proches endeuillés.
Parmi les victimes, il y avait des « impliqués »
Camille Dormegnies, la directrice de France Victimes 44, se souvient : « les entretiens ont eu lieu au cours des mois suivant le 13 novembre de 2015. On pouvait recevoir des personnes qui étaient présentes au Bataclan, sur les terrasses mais aussi à Saint-Denis qui avaient été blessées physiquement. On avait aussi des personnes endeuillées qui avaient perdu un proche. Et parmi les victimes, on avait ce qu’on appelle des impliqués qui étaient sur place, et qui ont été retenus en tant que victimes par la justice et par le fond de garantie, mais qui ne se sentaient pas victimes parce qu’elles disaient « ne pas se sentir légitimes ».
Elles trouvaient que c’était moins pire que les personnes décédées ou blessées physiquement. On avait aussi ce rôle de leur expliquer que la blessure psychique était importante et devait être prise en compte, et que l’association était là pour toutes ces personnes victimes. »
Camille Dormegnies, directrice de France Victimes NantesCamille Dormegnies, directrice de France Victimes Nantes
S’agissant d’actes de terrorisme, des faits qui ne sont pas habituellement traités à Nantes, il a fallu adapter l’accueil, l’accompagnement et les conseils apportés aux victimes. Avec ses équipes de France Victimes Nantes, Camille Dormegnies, a ainsi été confrontée à de nouvelles procédures.
« Il y a eu beaucoup de droits créés à ce moment-là »
« C’était quelque chose de très exceptionnel, et de nouveau. Déjà, on avait une démarche proactive : ce n’est pas la victime qui nous appelait pour demander de l’aide, c’est nous qui l’appelions parce qu’on était saisis par la fédération (de France Victimes). Ensuite, on avait beaucoup d’informations à transmettre sur les droits, et ces droits évoluaient au fur et à mesure. Ce qui était intéressant, c’est que l’on faisait du lien avec d’autres référents attentats – actes de terrorisme au niveau de la CAF et de la CPAM, parce qu’il y avait des droits Sécu particuliers.
Après, on avait des fiches sur tout ce qui était potentiellement droit notarial ou d’accès au fond de garantie. On faisait au jour le jour, mais notre fédération nous a énormément aidés là-dessus. Quoi qu’il en soit, il y a eu beaucoup de droits qui ont été créés à ce moment-là. »
Camille Dormegnies, directrice de France Victimes NantesCamille Dormegnies, directrice de France Victimes Nantes
Dix ans après, si les souvenirs restent tristement intacts, les procédures sont bien assimilées. A tel point que toutes les antennes locales de l’association sont prêtes et rodées en cas de nouvelle tragédie d’ampleur comme le confirme la directrice Camille Dormegnies. « Je suis certaine que si ça devait se reproduire, on aurait de nouveau des éléments transmis par notre fédération. Le lien avec les autres partenaires qui doivent intervenir en cas d’évènement majeur a été fait. On se connaît, on se reconnaît, et on continue à cultiver ces interconnaissances dans l’objectif d’être le plus opérationnel possible si ça devait arriver.
Un numéro d’urgence en cas d’attentat mis en place
On n’est plus dans le schéma classique de l’information par rapport à la procédure pénale, le droit des victimes classique, on est sur quelque chose d’exceptionnel. Dans chaque association de France Victimes, on a un référent et on a aussi mis en place un numéro d’urgence en cas d’attentat. C’est un numéro qui permet au procureur de la République de nous joindre 24h/24 si jamais il y avait un évènement majeur. Et après, l’idée va être de faire du lien avec la CUM, la cellule d’urgence médicopsychologique, côté Samu et de voir à quel moment il est nécessaire qu’on puisse venir porter à des assistants. »
Camille Dormegnies, directrice de France Victimes NantesCamille Dormegnies, directrice de France Victimes Nantes
Plusieurs cérémonies d’hommage sont prévues ce jeudi à Paris, mais aussi dans l’ouest à Quimper, Lorient, etc.
Les attentats du 13 novembre ont fait 130 morts et plusieurs centaines de blessés.