Par
Martin Leduc
Publié le
12 nov. 2025 à 20h08
Il a fallu agir très vite, car le créneau était restreint : cela n’aurait pas été observable un jour plus tard, note l’Observatoire européen austral (ESO) dans un document qu’actu.fr a pu consulter. Les scientifiques ont pu observer l’explosion de SN 2024ggi, une étoile de plus de dix fois la masse de notre Soleil, mourante « à son stade le plus précoce ».
En d’autres termes, des astronomes ont eu la chance, pour la première fois de l’histoire de l’humanité, d’observer la mort d’une étoile au moment même où l’explosion traversait sa surface. La naissance d’une supernova, en gros.
Toute l’énergie émise par notre Soleil pendant sa vie rejetée en dix secondes
Sans rentrer dans les détails trop complexes, l’idée générale, c’est qu’une étoile reste sphérique grâce à un équilibre entre la gravité et la pression due aux réactions nucléaires, un genre de « carburant ». Lorsqu’il est épuisé, le « moteur » de l’étoile ne peut plus fonctionner, jusqu’à ce que le cœur de cette dernière s’effondre littéralement. C’est l’implosion.
À partir de là, les couches de matières « s’y précipitent puis rebondissent, et se propagent vers l’extérieur, entraînant la désintégration de l’étoile ». C’est l’explosion qui conduit l’étoile mourante à devenir une supernova. (Plus de détails à découvrir directement dans cet article.)
Mais attention, c’est une explosion comme on n’en a jamais vu sur Terre : on manque carrément de mots pour décrire la puissance du phénomène. Grossièrement, c’est comme si toute l’énergie émise par notre Soleil pendant toute sa vie, soit 10 milliards d’années, était libérée en dix secondes. Assourdissant.
Et c’est justement cette intense déflagration, avant même qu’elle n’interagisse avec la matière entourant la scène, que les scientifiques ont réussi à observer, grâce à la réactivité de Yi Yang, professeur adjoint à l’université Tsinghua de Pékin, en Chine.
Réactivité
Auteur principal d’une étude sur le sujet, il venait d’atterrir à San Francisco quand ses instruments ont détecté « l’événement ». Ni une ni deux, il a envoyé une proposition d’observation à l’ESO, laquelle a été acceptée en urgence par le directeur de l’observatoire : une procédure rare, mais l’enjeu était trop important.
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À peine 26 heures après avoir capté que cela arrivait, le Very Large Telescope du Chili était pointé vers la bonne direction, à savoir la galaxie NGC 3621, dans la constellation de l’Hydre, à 22 millions d’années-lumière de notre bonne vieille Terre.
Les scientifiques n’en ont pas seulement pris plein les yeux. Ils ont découvert que l’explosion initiale de matière prend une forme d’olive, donc non sphérique, avant de s’aplatir, mais en gardant le même axe de symétrie. Selon Yi Yang, « ces résultats suggèrent l’existence d’un mécanisme physique commun à l’origine de l’explosion de nombreuses étoiles massives, caractérisé par une symétrie axiale bien définie et agissant à grande échelle ».
« C’est un rappel puissant du fait que la curiosité, la collaboration et la réactivité peuvent ouvrir la voie à des découvertes profondes sur les mécanismes physiques qui façonnent notre Univers », conclut Ferdinando Patat, coauteur de l’étude et astronome à l’ESO.
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