Par
Vanessa Aspe
Publié le
13 nov. 2025 à 6h40
Une soirée d’automne, douce, presque ordinaire. Puis le fracas. Paris vacille, la France chancelle. En quelques heures, le sang, la peur, le silence. À Saint-Denis, des explosions secouent le Stade de France. Dans le XIe arrondissement, des rafales balayent les terrasses, le Bataclan devient un enfer. Bilan : 132 morts, plus de 500 blessés. Ce soir-là, la Brie aussi tremble.
Une onde de choc
À Ferrières, à Soignolles, à Champs-sur-Marne, les téléphones s’affolent. Les messages se bousculent : « Tout va bien pour vous ? » Le Pays Briard du 17 novembre 2015 raconte cette onde de choc jusque dans les locaux de la rédaction. Le ton, pudique et grave, reflète l’incrédulité d’une France qui découvre la guerre sur son sol.
À Saint-Denis, dans les tribunes du Stade de France, David Leduc, rédacteur au journal, assiste au match France-Allemagne. Deux détonations secouent les gradins. Le public hésite, puis reprend son souffle. Le match continue ignorant à cet instant que l’horreur se rapproche. Plus tard, la radio confirmera : un kamikaze s’est fait exploser là, tout près. Ce soir-là, l’ordinaire chavire dans l’histoire.
Fabien, un autre Briard, raconte : un match d’anniversaire pour son fils de douze ans, un rêve bleu-blanc-rouge transformé en cauchemar. « Je déteste la guerre. Pas pour moi, pour les enfants du monde », confie-t-il. Les mots serrent la gorge, comme un refus obstiné de la barbarie.
Larmes et souvenirs à Marne-la-Vallée
Au Bataclan, deux hommes de Marne-la-Vallée tombent sous les balles. Nicolas Classeau, directeur de l’IUT, et Matthieu Giroud, maître de conférences. Musiciens passionnés, pères de famille. Leurs collègues décrivent des rires, de la bienveillance, une humanité simple. L’université reste figée, les mots manquent. Un livre blanc, déposé à l’accueil, recueille les larmes et les souvenirs.
À Soignolles-en-Brie, Marion Stauri vit l’attente, enfermée dans un bar du XIe arrondissement. Les volets baissés, les téléphones muets, les nouvelles qui filtrent au compte-goutte. Le gérant veut fermer ; personne n’ose sortir. La peur glace, mais la solidarité tient. Un ami policier vient rassurer, protéger, escorter vers un autre refuge. Chaque minute pèse comme une heure.
Vidéos : en ce moment sur Actu
À Saint-Germain-sous-Doue, Guillaume Marbotte, jeune Briard travaillant à l’Assemblée, quitte le quartier du Petit Cambodge une heure avant la tuerie. La chance, cette frontière fragile entre la vie et la mort. Il confie alors : « Ces attentats visent nos lieux de vie, nos habitudes, notre liberté. Pourtant, on continuera de sortir. »
Dix ans plus tard, sa phrase sonne comme un acte de résistance.
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Une leçon d’humanité face à la peur
Dans son éditorial de novembre 2015, Jean-Michel Rochet, écrivait : « L’horreur s’est imposée, vendredi, dans la douceur d’un soir d’automne. »
L’ex-rédacteur en chef saluait les habitants qui avaient ouvert leurs portes aux blessés, les anonymes qui avaient tendu la main. Une leçon d’humanité, face à la peur.
Dix ans ont passé. Les cicatrices demeurent, invisibles parfois, brûlantes souvent. Les noms des victimes résonnent encore dans les hommages, les écoles, les universités. Le Pays Briard garde trace de ces voix, de ces gestes, de cette fraternité surgie au milieu du chaos.
Ce soir de novembre 2015, la Brie pleurait avec Paris. Aujourd’hui encore, elle se souvient, non pour raviver la douleur, mais pour protéger la mémoire.
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