Au moins 1436 citoyens de 36 pays africains ont été identifiés dans les rangs russes, selon un tweet du ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiha.
Le récent appel à l’aide de 17 Sud-Africains envoyés sur le front ukrainien doit «ouvrir les yeux» du pays sur la Russie, a estimé jeudi auprès de l’AFP l’ambassadeur d’Ukraine à Pretoria. La présidence sud-africaine a révélé leur situation la semaine passée, sans préciser dans quel camp ils combattaient. Il s’agirait du côté russe, selon le média local News24 comme d’après Kiev.
À l’image d’au moins 1436 citoyens de 36 pays africains identifiés dans les rangs russes, selon un tweet vendredi du ministre des Affaires étrangères ukrainien, Andrii Sybiha. «On espère que cette situation de la Russie violant la loi sud-africaine et attirant ou dupant ces personnes dans cette guerre puisse ouvrir les yeux de la société sud-africaine», a déclaré lors d’un entretien à l’AFP l’ambassadeur de Kiev à Pretoria, Oleksandre Chtcherba.
Les 17 Sud-Africains, âgés de 20 à 39 ans, ont demandé «assistance pour rentrer chez eux» car ils «sont coincés dans le Donbass (est de l’Ukraine), ravagé par la guerre», d’après le communiqué de la présidence sud-africaine qui rappelait qu’il était interdit à ses citoyens de rejoindre des armées étrangères. «Depuis que la nouvelle est tombée, j’ai reçu des emails de proches de ces jeunes gens attirés sur le front et ils sont désespérés. Ne faites pas ça à vos mères, vos pères et vos sœurs», interpelle le diplomate.
«Situation encore plus préoccupante»
«S’il est avéré que des hommes politiques sud-africains sont impliqués, cela rend la situation encore plus préoccupante», juge Oleksandre Chtcherba. Une allusion à une enquête de News24 affirmant qu’ils auraient été envoyés en Russie par le parti MK de l’ex-président Jacob Zuma, réputé proche de Moscou, pour y suivre une formation en sécurité. «Les Africains sont dupés pour aller se battre, puis ils sont traités comme si leur vie ou leur mort n’avaient aucune importance», accuse l’ambassadeur. «L’espérance de vie des soldats qui participent à ces assauts d’infanterie est de deux ou trois jours», dit-il, avant d’ajouter que les assauts sont comparés à des «hachoirs à viande».
Il dit ne pas savoir combien de Sud-Africains combattent côté russe. «J’espère que ce n’est pas beaucoup plus mais peut-être que c’est bien pire», avertit le diplomate. «Ils ont été trompés pour aller se battre dans une guerre barbare et atroce qui se déroule en Europe et avec laquelle l’Afrique n’a rien à voir. C’est une guerre coloniale, et voir des Africains se battre dans une guerre coloniale contre un pays libre est particulièrement insensé», estime Oleksandre Chtcherba.
Nairobi a dénoncé fin octobre une situation similaire concernant plusieurs Kényans. «Le fait que simultanément, au Kenya, au Malawi, en Afrique du Sud, le même sujet et la même situation apparaissent, doit inquiéter tous les pays africains», alerte le diplomate. En plus des hommes envoyés sur le front, de nombreuses femmes africaines sont attirées par la promesse de contrats lucratifs en Russie, pour finir dans des usines fabriquant des drones, en particulier dans la région centrale du Tatarstan, selon plusieurs enquêtes de médias internationaux. Pretoria a ouvert en août une enquête sur un possible trafic d’êtres humains après une campagne de promotion pour le programme nommé «Alabuga Start», relayée par des influenceurs sud-africains.