C’est l’histoire improbable d’un film à la gloire de la Charente, tourné au début des années 70, par un grand réalisateur et sauvé des oubliettes par un ado, grâce à qui le documentaire s’appr…

C’est l’histoire improbable d’un film à la gloire de la Charente, tourné au début des années 70, par un grand réalisateur et sauvé des oubliettes par un ado, grâce à qui le documentaire s’apprête à faire la tournée des Ehpad charentais. Il y a dix ans, Tom Coudère, 18 ans à l’époque, et déjà « passionné de vieilles choses » met la main sur une étonnante bobine 16 mm à Emmaüs, à La Couronne. Intitulé : « Charente, plaisant pays, Crédit Agricole ».

« J’ai trouvé ça curieux. Il était en vente 30€. J’ai négocié le prix, 20€ ! J’avais envie de le visionner alors j’ai cherché un projecteur sur Le Bon Coin. J’en ai trouvé un chez un monsieur de Champniers. 250€. Je n’avais jamais dépensé autant d’argent pour un vieux truc ! »

L’engin est archaïque, tient dans une lourde valise, se monte en quelques minutes, relié à un haut-parleur. Sur l’écran, en face défilent les papeteries florissantes, les moteurs rutilants de Leroy, la laiterie de Claix, le beurre de Baignes, les maisons de cognac, les élevages de Charente limousine et même le marché de Victor-Hugo d’Angoulême peuplé de bœufs. « Les prises de vues sont vraiment belles. Ça donne envie de venir habiter en Charente », juge le jeune homme de Linars, distillateur et viticulteur salarié à la recherche d’un poste.

Les images d’une Charente prospère tournées par Georges Bourdelon, à la demande de la caisse départementale du Crédit agricole. Ce réalisateur renommé, aujourd’hui décédé, a travaillé avec Fernandel et mis en boîte plusieurs documentaires sur l’Afrique. « Charente plaisant pays » était diffusé lors des assemblées générales des caisses locales. Conscient de détenir un objet presque unique, Tom Coudère a contacté il y a quelques mois le Crédit Agricole Charente Périgord qui n’avait plus trace de ce film.

28 ans, une télé à projection
et un Teppaz

La banque l’a envoyé à Paris pour être restauré et numérisé, sans rien enlever à l’aspect sépia des images. Il sera diffusé, avec l’autorisation du fils Bourdelon, installé en Suisse, vendredi 21 novembre à 11h en ouverture du salon des seniors, organisé par CL à Carat, puis dans plusieurs Ehpad charentais. Nul doute que les résidents y reconnaîtront les souvenirs de leur jeunesse.

Le jeune homme, lui, rêve déjà en grand, d’une diffusion de cette pépite d’époque au théâtre d’Angoulême ou même sur France 3. Depuis sa découverte, il s’est bâti une sacrée collection de documentaires sur bobines chinés sur internet ou dans les brocantes locales : « un documentaire sur la SNCF, sur l’art de bien conduire ou sur une attaque nucléaire ». Éclectique.

« Avec mon compagnon, Erwan, on aime tout ce qui est vieux mais à condition que ça fonctionne ! » Dans leur salon trône une authentique télé à projection datant de 1979, récupérée pour 60€ à la Caverne du dénicheur, à Saint-Michel. Et un tourne-disque Teppaz pour engloutir les vinyles de Nougaro, Sacha Distel ou Mireille Mathieu. Tom Coudère a même réussi à installer le Bluetooth sur l’appareil. Pour y balancer du Mylène Farmer.