Jamais les promoteurs n’avaient connu un tel coup d’arrêt. Au troisième trimestre, la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) a enregistré moins de 10.000 logements mis sur le marché, un niveau qualifié de « jamais vu » depuis la création de cette statistique en 2008.
Entre juillet et septembre, seuls 9.962 logements ont été commercialisés. Un volume « deux fois et demi inférieur à une année habituelle », souligne Didier Bellier-Ganière, délégué général de la FPI. Ce décrochage intervient pourtant dans un contexte où les permis de construire repartent à la hausse, après deux années de repli marqué.
Une opération immobilière sur cinq suspendue
Ce paradoxe nourrit l’inquiétude de la profession. « Les autorisations repartent mais les mises en chantier restent à un niveau très bas », observe Didier Bellier-Ganière. Les promoteurs continuent néanmoins de déposer des permis et de monter des projets, afin de « ne pas insulter l’avenir » et « ne pas perdre les équipes », explique Pascal Boulanger, président de la FPI.
Mais cette stratégie défensive ne suffit pas à soutenir un marché en panne. Faute d’acheteurs, une opération immobilière sur cinq a été suspendue ou retirée du marché au troisième trimestre, car « la clientèle n’est pas là et les promoteurs préfèrent arrêter les frais », résume Didier Bellier-Ganière. Une tendance qui confirme l’enlisement du secteur.
Une situation très préoccupante
Pour Pascal Boulanger, la situation reste extrêmement préoccupante. Il dit observer « des chiffres sûrement les moins bons » jamais publiés par l’observatoire, avec une dynamique qui « continue de se dégrader ». Une crise profonde, alimentée depuis trois ans par la hausse des coûts de construction, des taux d’intérêt et l’extinction progressive des dispositifs de soutien à l’investissement locatif.
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