Publié le
14 nov. 2025 à 7h00
Samedi 8 novembre 2025, une balade originale était animée à Saint-Étienne-la-Thillaye (Calvados) par les membres de l’association Mupa (Musique et patrimoine) sur le chemin rural, récemment réhabilité, du Fenil. « On a débattu longuement du nom à lui donner… », débute Jean-Olivier Gires, président de l’association. « Conférence déambulante, randonnée causerie… Finalement, nous avons opté pour appeler ce format de balade une causerie itinérante. »
Direction le chemin, donc, sous un soleil d’automne bienvenu. La vingtaine de participants écoute avec attention un premier propos sur la différence entre voie communale et chemin rural. « Une voie communale appartient au domaine routier public, soit l’ensemble des biens du domaine public de l’État, des Départements et des communes affectés aux besoins de la circulation terrestre », précise Denis Jardel, expert biodiversité de l’association. Le chemin communal est lui aussi affecté à l’usage du public, mais appartient au domaine privé de la commune. Pour ce qui est de son entretien, « les communes n’ont pas l’obligation d’entretenir les chemins ruraux. Contrairement aux voies communales dont l’entretien est une dépense obligatoire de la commune », précise Denis Jardel. « La disparition des chemins ruraux s’explique par le manque d’usage, les remembrements successifs, le manque d’entretien et les accaparements par des riverains qui se les approprient… », poursuit-il.
Et c’est là que se positionne l’association Mupa : afin de réhabiliter une partie des chemins ruraux de la commune, elle souhaite aller vers une convention d’entretien avec la mairie, qui lui permettrait d’agir plus concrètement. Et pour avancer dans la démarche et établir son plan de travaux, l’association se base sur des sources fiables puisqu’il s’agit du cadastre, et notamment via le site France cadastre (france-cadastre.fr), un site accessible par tous et gratuit.
De l’histoire à l’économie, en passant par la biodiversité
Ce rapide exposé étant fait, le groupe prend le chemin derrière la mairie pour une balade dont le kilométrage est estimé à 4 unités. Cela paraît peu pour ce qui s’apparente à une randonnée. Mais la distance n’est pas l’enjeu qui est ailleurs : enrichir l’itinéraire de multiples propos allant de la géographie à l’économie, de l’histoire à la botanique en passant par l’ornithologie ou encore la toponymie. Le tout en se baladant.
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On apprend par exemple que le fameux fenil était une grange à foin ; que le pic vert et le pic épeiche ne nichent pas dans le même bois et que « le grand pic devrait bientôt pointer son bec dans la commune », expose Thomas Fallon, trésorier de l’association ; que Napoléon avait commencé à cadastrer le territoire français dès 1812 ; que le taxus baccata, plus communément appelé if, est un arbre qui peut être toxique mais qui permet de fabriquer un médicament contre le cancer…

Des participants pleins d’entrain… ©Frédéric Nguyen Kim
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Bref, le partage des connaissances est multiple, foisonnant et emporte l’adhésion des participants. D’autant qu’anecdotes et précisions historiques viennent ancrer les différentes interventions dans la réalité locale ou le constat géographique de visu.
Un arbre remarquable… pas encore marqué
Chemin faisant, on longe et même on traverse le haras des Alouettes, dont le propriétaire, Alain Salzman – ancien détenteur du groupe Marques Avenue – a même fait installer, à ses frais, un banc pour les randonneurs. Un banc qui permet d’admirer un chêne pour lequel les membres de l’association Mupa souhaitent obtenir le label national « arbre remarquable », attribué par l’association A.R.B.R.E.S. (Arbres remarquables : bilan, recherche, études et sauvegarde).
Majestueux par sa hauteur mais plus encore par sa forme, il est effectivement remarquable… « Je pense que Louis-Philippe a pu le voir », sourit Jean-Olivier Gires, en référence au dernier roi des Français (1830-1848).
La richesse des informations distillées lors de la ballade en révèle des aspects qu’on n’a pas imaginés dans les premiers mètres du chemin. Le tout dans une ambiance rendue conviviale par l’enthousiasme des organisateurs et leur goût de la transmission et du partage. Et l’on se dit que des très jeunes participants pourraient être convaincus… « Nous avons un projet de classe verte pour l’année prochaine », lâche, évasif, le président de l’association.
Quelques chiffres
Il existerait en France un réseau d’environ 425 000 km de voies communales et 700 000 km de chemins ruraux. Au cours des quarante dernières années, plus de 250 000 km de chemins ruraux ont disparu, selon un rapport du Congrès national des notaires de 2018. Mais il s’agit d’estimations, puisque les communes connaissent mal leurs chemins ruraux et que ces données ne sont pas collectées nationalement et très rarement localement.
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