À un poste de pilier droit où la relève peine à s’affirmer, le joueur de Clermont a honoré sa troisième sélection et souffert face à l’Afrique du Sud. Réaction attendue face aux Fidji.
Formé au pied des montagnes
Un nom prédestiné. Régis Montagne est un pur produit de la formation iséroise. Le natif de Grenoble a en effet débuté le rugby à l’âge de 10 ans au FCG, décrochant le titre de champion de France Crabos en 2018. Il dispute son premier match avec les pros le 23 août 2019, à l’occasion de la réception de Colomiers au Stade des Alpes (20-23) lors de la première journée de Pro D2. S’il a rejoint Clermont en Top 14 la saison dernière, le solide droitier est un nouveau joueur estampillé Pro D2 (il y a passé quatre saisons) à être appelé en équipe de France par Fabien Galthié. Un «ovni» ? Alors que son poste requiert habituellement une certaine maturité, le joueur de l’ASM découvre le très haut niveau alors qu’il n’est âgé que de 24 ans. Chose étonnante : le joueur originaire de l’Isère (pas la région la plus chaude de France) est devenu récemment allergique au froid, après un match joué à Aurillac.
Salle de muscu dans le garage
Régis Montagne, en signant à l’ASM, s’est vite rendu compte des exigences du haut niveau. En Top 14, le rythme est bien plus élevé qu’à l’échelon inférieur, et les collisions y sont plus violentes. C’est pourquoi le pilier droit a décidé, de lui-même, d’installer une salle de musculation dans son garage, quand il est arrivé en Auvergne. Pour s’astreindre à du travail supplémentaire et se mettre rapidement au niveau. «À Grenoble, je ne faisais pas mes extras car je n’avais aucune envie de faire 25 minutes de voiture pour retourner au club. Maintenant, je n’ai plus d’excuse car je n’ai que trois marches à descendre… Lorsqu’on rentre d’un match qui est hyper loin et qu’on a pris le car, il se peut qu’à trois ou quatre heures du matin, j’aille faire du vélo dans le garage», a-t-il raconté dans les colonnes de L’Équipe .
Régis Montagne à l’entraînement au CNR de Marcoussis.
Dave Winter / Icon Sport
Le faible réservoir de piliers droits
La titularisation de deux piliers à deux sélections (Erdocio et Montagne) avait de quoi inquiéter face de défier les Springboks, réputés pour la dureté de leurs avants. Mais Fabien Galthié, avant le match, avait répondu aux sceptiques : «Je trouve un peu vexatoire qu’on dise que nous allons jouer avec deux piliers qui n’ont pas d’expérience : ce sont les deux meilleurs piliers français du moment.» Les craintes étaient hélas fondées, la mêlée tricolore a vécu un calvaire face aux champions du monde (7 pénalités en tout). Problème, le vivier au poste de pilier – et surtout à droite – est famélique derrière l’incontournable Uini Atonio (34 ans) et Tevita Tatafu, régulièrement blessé et seulement deux sélections l’automne dernier. Régis Montagne – passé par toutes les équipes de France de jeunes – a appris dans la difficulté. Le temps presse, la prochaine Coupe du monde est dans moins de deux ans.
Un «Panda doux et gentil comme tout»
Régis Montagne porte bien son nom : un solide roc de 1,86 m pour 133 kg. Généralement, les piliers sont des grands taiseux et le nouveau droitier des Bleus n’échappe pas à la règle. C’est ainsi que ces amis l’ont surnommé… le Panda. Son coéquipier à Clermont, le talonneur Barnabé Massa, a ainsi raconté à Midi Olympique : «Il n’a pas un grand cercle d’amis, mais pour ceux dont il est proche, il est prêt à donner beaucoup et à faire les 400 coups. C’est un bon vivant, un mec qui a le cœur sur la main, qui est généreux et gentil. C’est pour ça qu’on l’appelle le Panda : parce qu’il est doux, gentil comme tout.» Et son ancien coéquipier à Grenoble, le centre Romain Fusier, d’avancer une autre explication : «On avait programmé un petit briefing dans le sous-sol avant de partir au stade sur les coups de 17 -18 heures. Et qui est-ce qu’il manquait à l’appel ce jour-là ? Mon Régis qui avait eu du mal à dormir la nuit, et qui était en train de se faire une petite sieste pour récupérer. C’est depuis ce jour qu’on l’a surnommé le Panda…»
«Il va falloir assumer cette honte», quand le XV de France s’inclinait face aux Fidji en 2018
Erasmus anglicise son nom
Avant le choc contre les Springboks, Rassie Erasmus s’était amusé à «troller» Fabien Galthié en dévoilant sa composition d’équipe avant que celle-ci ne soit officialisée. Les 23 joueurs du XV de France étaient connus depuis le début de la semaine après les premiers entraînements ouverts à la presse, mais l’homme fort des Boks – expert en provocation et maître de la guerre d’intox – avait une nouvelle fois titillé le sélectionneur des Bleus. Sauf que, dans sa composition des Bleus, Erasmus avait déformé deux noms. Régis Montagne était donc devenu «Mountain», tout comme Julien Marchand s’appelait désormais «Merchant». «Il pourrait y avoir quelques erreurs», avait reconnu Erasmus. Juste deux traductions approximatives…